Évangile dimanche 8 mai

Lectio Divina du 8 mai 2022 : 4e dimanche de Pâques (c)

 

Évangile de Jésus Christ selon st Jean (Jn 10, 27-30)

27 Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
28 Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
30 Le Père et moi, nous sommes UN. »

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27 Mes brebis écoutent ma voix ;

Le chapitre 10 de l’Evangile de Saint Jean commence par le « discours du bon pasteur » (Cf Jn 10, 1-16). Le Seigneur Jésus s’y affirme comme le bon pasteur, celui qui connait ses brebis, qui leur parle, qui les fait entrer et sortir, qui les mène vers les bons pâturages et même qui serait prêt à donner sa vie pour elle. Les brebis, en contrepartie, connaissent sa voix et le suivent, mais ne suivraient pas un autre pasteur.
Le discours introduit aussi une comparaison importante :
je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent,
15 comme le Père me connaît, et que je connais le Père (Jn 10, 14-15)
Cette comparaison entre les rapports du berger à ses brebis, c’est-à-dire du Christ à ses disciples, et du Père à son Fils unique, explique pourquoi le fils devra donner sa vie : comme le berger affrontera le loup ou l’étranger qui veut se faire passer pour un pasteur mais qui n’est qu’un voleur et un égorgeur, ainsi le Fils de Dieu donnera sa vie pour ramener les hommes à leur Père véritable, luttant ainsi contre le démon qui prétend savoir ce dont les hommes ont besoin mais qui n’est le père que du mensonge.
Ainsi le bon pasteur prend soin et protège au prix de sa propre vie et les brebis, elles, écoutent, connaissent et reconnaissent, font confiance et suivent celui qui leur procure la vie éternelle. Ce n’est pas le cas des chefs du peuple qui n’écoutent pas ce que Jésus leur dit :
24 Les Juifs firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le-nous ouvertement ! »
25 Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage.
26 Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. (Jbn 10, 24-26)

Et nous ? Où en sommes-nous dans le respect, l’écoute, la confiance et donc la foi et l’amour de notre « bon pasteur » ? Sommes-nous prêts à croire et accepter que c’est pour nous que le Christ a souffert et a donné sa vie ? Croyons-nous que lui seul peut nous donner la vie éternelle ?

moi, je les connais, et elles me suivent.

Le Christ redit ce qu’il a déjà dit précédemment. Il y a deux choses à considérer : il nous connaît et nous sommes invités à le suivre.
Il nous connaît parce qu’il nous a créés, et parce qu’il connaît le cœur de l’homme. De nombreux passages de l’évangile nous le montrent par exemple en négatif :
23 Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait.
24 Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous
25 et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme. (Jn 2, 23-25)
En positif :
47 Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. »
48 Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. »
49 Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » (Jn 1, 47-49)
Jésus ne parle pas seulement de ce qui se voit car sous le figuier, Nathanaël priait et c’est donc le cœur à cœur avec Dieu qui est révélé, d’où la profession de foi de ce dernier.
Le cœur de l’homme n’a pas de secret pour le Christ, il nous connaît mieux que nous ne nous connaissons nous mêmes.
Ensuite il nous invite à le suivre, cela renvoie là encore à bien des passages ; ainsi, l’appel des premiers disciples se fait avec ces mots :
« Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » (Mt 4, 19)
au jeune homme riche il dit :
« Une seule chose te fait encore défaut : vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » (Lc 18, 22)
Et après la résurrection, juste après la pêche miraculeuse, Jésus qui vient de demander par trois fois à Saint Pierre d’être le berger de ses brebis conclut le dialogue ainsi :
Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. » (Jn 21, 19)
Mais le passage le plus important est sans doute celui-ci :
« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive.
24 Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. (Lc 9, 23-24)
Ce texte existe dans les trois évangiles synoptiques (cf Mt 16, 24 et Mc 8, 34) et il est même redoublé dans l’Evangile de saint Luc qui fait dire à Jésus un peu plus loin :
26 « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
27 Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. (Lc 14, 26-27)
Ainsi, marcher à la suite du Christ est donc la condition indispensable et en même temps l’action ou l’état d’esprit primordial pour être disciple.

Et nous ? Acceptons-nous que Dieu sache tout de nous et pénètre au plus profond de nos cœurs ? Avons-nous assez de confiance te d’espérance en lui pour accepter cela ?
Cherchons-nous à toute occasion et en toute chose à mettre nos pas dans les pas du Seigneur, à la suivre, à l’imiter ?

28 Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront,

Voici la promesse qui est faite ! Ce n’est rien moins que la vie éternelle que Jésus nous annonce. Ainsi a-t-il affirmé que celui qui le suit, même s’il perd sa vie, la sauvera (cf supra LC 9, 24)
Cela renvoie aussi directement au dialogue avec Marthe juste avant de ressusciter Lazare :
« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;
26 quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11, 25-26)

Et nous ? Croyons-nous « à la résurrection de la chair et à la vie éternelle » comme nous le disons dans le credo ?
Est-ce que notre foi se contente d’acquiescer à la sagesse et aux valeurs comprises dans les discours de Jésus, ou bien est-ce que nous allons jusqu’à reconnaître en Lui, notre Seigneur, le Fils de Dieu, Dieu vivant devenu homme, Dieu parmi nous, source de vie éternelle pour tous ses disciples ?

et personne ne les arrachera de ma main.

Dans la vie de Jésus, la main est le symbole de pouvoir et de bénédiction quand il impose les mains pour guérir les malades ou pour bénir les enfants. Mais dans le premier Testament, la main de Dieu signe de sa toute-puissance. Ainsi :
12 C’est moi qui annonce, qui sauve et qui proclame, et non un dieu étranger parmi vous. Vous êtes mes témoins – oracle du Seigneur –, et moi, je suis Dieu.
13 Oui, depuis toujours, moi, Je suis : personne ne délivre de ma main ; ce que je fais, qui s’y opposera ? (Is 43, 12-13)
Ainsi, Jésus par ces mots montre à la fois la force de sa promesse et sa divinité.

Alors, pouvons-nous tout abandonner dans la confiance en ce Jésus dont nul ne peut forcer la main ?

29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout,

Voici que Jésus met l’origine de son pouvoir dans la puissance de son Père, ce qui n’est qu’une façon d’exprimer la foi au Père qui était commune à tous les juifs mais aussi de faire comprendre que Celui qu’Il appelle « mon Père » est bien le Dieu tout Puissant.
Mais il ajoute que le Père lui a donné ses disciples, ce qui signifie que notre foi, notre docilité, notre capacité à le suivre est d’abord l’œuvre de Dieu. Il affirme ainsi que celui qui ne croit pas ou ne suit pas, résiste ou contrevient à l’œuvre de Dieu.
Plus tard, Jésus dans sa prière sacerdotale affirme :
ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi.
10 Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. (Jn 17, 9-10)
Il est toujours question du don du Père au Fils, de l’unité du Père et du Fils manifestée en eux et enfin de la gloire, l’œuvre de Dieu manifestée dans les disciples.
Et un peu plus loin il conclut :
24 Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
25 Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé.
26 Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » (Jn 17, 24-26
Ici, le lien est fait entre le don des disciples que le Père fait au Fils, la gloire de Celui-ci, l’amour que le Père a pour le Fils et l’amour que les disciples ont pour le Fils. Il y a bien un seul mystère d’union entre le Père et le Fils et entre le Fils et ses disciples, tout comme il n’y a qu’une seule action du Père et du Fils qui fait de nous des disciples et nous obtient la vie éternelle.

Et nous ? Sommes-nous heureux et fiers d’être le don que l’amour infini et tout puissant du Père fait au Fils ? Sommes-nous heureux et fiers d’être le motif de gloire et le témoignage d’amour que le Fils rend au Père ? Nous sommes ainsi au cœur de la vie trinitaire dans laquelle le Salut en Jésus Christ nous introduit ; il faut en prendre conscience, s’en émerveiller, travailler à le vivre et rendre grâce au Père et au Fils qui nous font une telle grâce !

et personne ne peut les arracher de la main du Père.

Voici que Jésus pousse la comparaison entre sa main et la main du Père. Il nous dit ainsi qu’il n’y a qu’une seule action pour les deux personnes divines, le Père et le Fils, une seule puissance et un seul honneur aussi. Nous sommes bien au cœur de la révélation du mystère de la sainte Trinité.

30 Le Père et moi, nous sommes UN. »

Après avoir introduit au mystère dans la contemplation de l’unité de la volonté, de l’action et de la gloire toute puissante, le Christ affirme maintenant la réalité de l’unité des personnes comme telles. Il ne s’agit plus de la découvrir à travers un projet commun ou une œuvre commune mais de l’affirmer en elle-même et dans toute sa réalité et sa splendeur. Ce qui semble impossible pour deux personnes authentiques et donc distinctes est pourtant la réalité qui n’est possible qu’en Dieu : l’unité parfaite totale et absolue.
Là encore, cela renvoie à la prière du Christ :
21 Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN :
23 moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. (Jn 17, 21-23)
Là encore, il y a affirmation de l’unité du Père et du Fils ; il y a comparaison entre l’unité des personnes divines et l’unité que nous devons avoir entre nous et avec le Christ, et ainsi la description de notre destinée : être inclus dans la vie divine, amour parfait et éternel.

Et nous ? A défaut de le comprendre, accueillons et contemplons ce mystère.

En guise de conclusion :
cet appendice, ultime développement du discours du bon pasteur, nous met donc sous les yeux le mystère divin. Bien sûr, nous sommes incapables d’en comprendre toute la beauté et la grandeur, mais nous pouvons, du moins, contempler ce que le christ nous en donne à voir : il s’agit de découvrir l’unité de l’intention et de la volonté, de l’œuvre et de la gloire. Nous découvrons alors émerveillés que dans le Christ, nous serons à la fois les sujets de tout cela car c’est sur nous que s’exercera cette toute puissance d’amour qui glorifie et qui sauve car désormais, c’est dans notre communion que se manifestera, aux yeux du monde, la communion de l’éternel invisible, imperceptible mais pourtant si présent.
Tout vient donc de Dieu qui nous donne sa vie et tout va à Dieu qui nous accueille et nous sauve mais nous demande de manifester son amour, sa gloire, son unité et son amour infini dans ce monde fini.
Laissons-nous emporter dans ce grand mouvement de l’Amour de Dieu, qui va du Père au Fils et du Fils au Père dans l’Esprit, car nous serons ainsi vraiment des fils de Dieu par une adoption qui devient communion.