Évangile du 18 décembre

LECTIO DIVINA du 18 décembre 2022 : 4e dimanche de l’Avent (A)

 

Evangile de Jésus Christ selon st Matthieu (MT 1, 18-24)

18 Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
19 Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
20 Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
22 Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
23 Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »
24 Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse,

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18 Or, voici comment fut engendré Jésus Christ :

Ce texte suit immédiatement les généalogies qui ouvrent l’Evangile de saint Mathieu. Celles-ci commencent ainsi :
01 GENEALOGIE DE JESUS, CHRIST, fils de David, fils d’Abraham. (Mt 1, 1)
Elles remontent donc à Abraham, contrairement à celles de saint Luc qui démarrent à Joseph et remontent dans le temps pour finir ainsi :
fils d’Énos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu. (Lc 3, 38)
Saint Luc veut insister sur les origines du Christ dans toute l’histoire de l’humanité. Depuis Adam, Saint Mathieu nous met d’emblée dans un discours de foi en faisant remonter à Abraham, le père de tous les croyants. Mais saint Mathieu fait aboutir les généalogies à Joseph, l’époux de Marie de qui fut engendré Jésus. Une telle formulation montre :
1- que l’enfant n’est pas de Joseph, il est de l’Esprit, il est de Dieu.
2- que Jésus n’est pas de la lignée de David ou d’Abraham selon la chair ; c’est Joseph qui l’est.
Ainsi pour montrer que Jésus est pourtant authentiquement de la descendance d’Abraham qui était attendue mais aussi le descendant de David comme Dieu l’avait promis, il convient maintenant d’expliquer comment Jésus fut engendré.

Et nous ? Sommes-nous prêts à croire en la naissance divine de Jésus, en la conception virginale de Celui-ci dans le sein de Marie ? Pourrons-nous pour autant y voir l’accomplissement des promesses de Dieu dans le Premier Testament, et donc le Messie annoncé ?

Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ;

Il y a bien une insistance sur le fait que Marie est la mère. Ce n’est pas Marie qui descend de David mais en tous les cas, elle est authentiquement sa mère et donc Jésus est vraiment un homme. Il est inséré dans l’histoire humaine et dans la nature humaine par le fait qu’il a une mère : Marie. Ceux, qui veulent faire de lui seulement un Dieu, doivent comprendre que Marie est sa mère, il est donc humain.
Elle est accordée en mariage, il y a là un contrat qui légitime le rôle de Joseph et l’existence de cette famille. A ce point, nous savons deux choses : Marie est authentiquement mère de Jésus et le couple Marie-Joseph est légitime lui aussi.

Et nous ? Pouvons-nous nous intéresser au réalisme de la situation et au plan de Dieu ? Il n’a pas voulu transgresser les règles de la société et de l’univers mais il a inséré son fils dans la ligné humaine. Certes, la conception virginale montre le coté unique et extraordinaire de cet enfant, mais pourtant il est aussi accueilli dans une famille classique, fils d’une femme, comme n’importe quel enfant.

avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.

La première affirmation expose clairement la conception virginale ; la seconde prouve l’origine divine de ce qui ne peut être seulement humain car conception et virginité sont incompatibles. On trouve toujours ce désir de mêler ce qui est normal : d’abord la femme est accordée en mariage ; ensuite, le mari prend chez lui sa femme. Les deux sont la conséquence l’un de l’autre mais sont séparés dans le temps.
Voici donc où nous en sommes : le couple est légitime, Marie est la mère mais ce n’est pas Joseph, mais Dieu qui est le père. Cette œuvre est réalisée en Marie par le Saint Esprit. A ce point-là, comme à la fin des généalogies, Jésus n’est toujours pas de la descendance de David. Son origine divine n’en fait pas le messie annoncé, qui doit être le fils du grand roi !

Et nous ? Prenons d’abord le temps d’interroger note foi : sommes-nous prêts à reconnaitre le Fils de Dieu, un être divin, incarné par l’œuvre de l’Esprit en Marie, dans la personne de ce petit enfant. Prenons bien la mesure des choses, ce n’est pas une façon de parler, ce n’est pas un choix de Dieu sur un enfant quelconque qui serait adopté, promu, ou mis en lumière, mais c’est une réalité : il est vrai homme fils de Marie, mais il est aussi vrai Dieu conçu par l’œuvre de l’Esprit Saint Lui-même.
Prenons ensuite le temps de chercher et d’interroger les textes. Il peut sembler secondaire de savoir comment il est fils de David quand on sait qu’Il est Fils de Dieu, mais il s’agit surtout de découvrir comment Dieu tient ses promesses et la cohérence de ce projet de Dieu qui le rend crédible.

19 Joseph, son époux, qui était un homme juste,

Voici que nous approchons de la solution puisque nous nous tournons vers Joseph qui lui est descendant de David. Il est dit juste ce qui, en fait, est une caractéristique divine :
Dieu de vérité, non pas de perfidie, il est juste, il est droit. (Dt 32, 4)
Mais puisque Dieu est juste, Celui qui fait sa volonté et correspond au désir de Dieu devient juste à son tour :
12 Si c’est un pauvre, tu ne te coucheras pas en gardant son gage.
13 Tu devras le lui rapporter au coucher du soleil : il se couchera dans son manteau et te bénira. Et tu seras juste devant le Seigneur ton Dieu. (Dt 24, 12-13)
Voyez que ce n’est pas tant à cause du bien fait qu’à cause de la bénédiction du pauvre que la personne est déclarée juste devant Dieu. Autrement dit, la justice n’est pas l’honnêteté, le respect du droit ; elle est un état de proximité avec Dieu, par conformité aux volontés et aux actions de Dieu et du juste. Ainsi, en droit, celui qui a prêté peut garder le gage jusqu’au recouvrement de la dette, mais la volonté de Dieu, c’est que le pauvre puisse vivre et vivre au mieux, quelles que soient ses dettes. Faire passer la vie du pauvre avant ses intérêts ou son droit, c’est là l’œuvre de Dieu, c’est la justice.
C’est pourquoi, la bible n’attribue pas si facilement le titre de “juste”. A vrai dire, si souvent des hommes en déclarent d’autres justes ou plus justes qu’eux-mêmes, si par des prescriptions légales, on désigne parfois le juste comme un type d’homme en général, il n’y a que peu de personnes que la Bibe elle-même désigne comme justes. On en trouve seulement deux, tous dans la Genèse :
09 Voici l’histoire de Noé. Parmi ses contemporains, Noé fut un homme juste, parfait. Noé marchait avec Dieu. (Gn 6, 9)
Nous voyons une fois de plus que si Noé est déclaré juste, c’est parce qu’il “marchait avec Dieu”
06 Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste. (Gn 15, 6)
Ici, c’est la foi et non un acte ou un comportement qui fait déclarer “juste” Abraham.
Joseph est donc un personnage d’exception, qui avait la foi, qui marchait avec le Seigneur.

Et nous ? Pouvons-nous prétendre à ce titre de juste ? Notre vie est-elle toute entière guidée par notre foi au Seigneur ? Pouvons-nous dire de toutes nos journées et activités que nous marchons avec Dieu ? Sans doute cela serait-il prétentieux ou exagéré, mais que faisons-nous pour progresser dans ces domaines, dans la foi, dans la conformité à la volonté de Dieu ?

et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.

La loi n’obligeait pas à une telle dénonciation ; il n’est donc pas injuste, illégal de ne pas le faire. Pourtant, elle n’interdisait pas non plus de le faire, et d’ailleurs cela n’aurait été qu’énoncer une vérité. Si Joseph, l’homme juste, ne veut pas la dénoncer, ce n’est donc pas pour une obligation ou une interdiction légale. Il ne veut pas la dénoncer car il ignore si elle est coupable. Bien sûr, il y a le fait qu’elle soit enceinte, mais il y a aussi la confiance de Joseph dans la pureté de Marie. Il est donc aussi impossible à ses yeux, que Marie ait pu aller vers un autre homme ou que Marie soit vierge et mère. De fait, on connaît bien des engendrements miraculeux dans le Premier Testament, des femmes stériles ou avancées en âge qui ont pourtant conçu (comme Sarah, la femme d’Abraham pour Isaac par exemple) mais jamais un engendrement virginal.
Il est bien difficile de dire ce que signifie la renvoyer en secret dans la mesure où le mariage, dont il a été question précédemment, est un acte public, et que dans de si petits villages, une telle histoire est forcément de notoriété publique. Il s’agit donc plutôt de dire que l’arrangement se serait conclu entre les intéressés et eux seuls et que personne d’autre n’aurait été impliquée dans la décision. On pourrait dire “et décida en secret de la renvoyer”.

Et nous ? Avons-nous assez de patience et de compassion vis-à-vis de ceux qui nous ont déçus ou trahis, qui nous ont fait du mal, pour ne pas les exposer à la vindicte populaire, pour ne pas en plus atteindre à leur réputation… Pouvons-nous régler nos litiges sans chercher aussi à mettre à bas la personne avec qui nous sommes en conflit ? Sommes-nous dans la recherche de la justice ou de la vengeance ? Cherchons-nous une solution ou une victoire ?

20 Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe

Nous voyons par l’expression “former ce projet” qu’il s’agit simplement de réflexions. Rien n’est dit et personne n’est impliquée, le secret dont on parlait précédemment est donc plutôt de l’ordre de la discrétion que de la dissimulation. C’est au secret de son cœur que cette décision est prise.
Dieu connaît le plus secret de nos cœurs. Il répond avant même que nous ayons interrogé ou formulé quoique ce soit. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un juste.
L’ange apparait à Joseph en songe. Si le songe n’est pas un simple rêve, il implique malgré tout le sommeil. A la fin de notre texte, il est d’ailleurs dit “quand Joseph se réveilla… (V 24). Pourquoi n’a-t-il pas une apparition comme Zacharie au temple :
11 L’ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l’autel de l’encens.
12 À sa vue, Zacharie fut bouleversé et la crainte le saisit. (Lc 1, 11-12)
Ou comme Marie à Nazareth :
26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
28 L’ange entra chez elle (Lc 1, 26-28)
C’est qu’il y a une symbolique particulière dans la bible liée au sommeil, au sommeil mystérieux. C’est durant ce sommeil d’Adam que Dieu tira Eve de sa cote :
21 Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place.
22 Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. (Gn 2, 21-22)
C’est encore ainsi que Dieu vint faire alliance avec Abraham :
12 Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux tomba sur Abram, une sombre et profonde frayeur tomba sur lui.
(…)
17 Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les morceaux d’animaux.
18 Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram (Gn 15, 12; 17-18)
Et c’est aussi la façon dont Dieu se révèle à Jacob à Béthel :
16 Jacob sortit de son sommeil et déclara : « En vérité, le Seigneur est en ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas. » (Gn 28, 16)
Le sommeil est donc le moment où Dieu vient, fait irruption dans la vie de l’homme sans que celui-ci ne soit foudroyé par la vision de Dieu. Il s’agit d’un temps d’alliance (Abraham et Jacob mais aussi Adam qui trouve enfin la femme avec qui il pourra s’unir). Pour nous, ce sommeil trouve tout son sens sur la croix où Jésus s’enfonce dans le sommeil de la mort pour que, par son sang, soit scellée une nouvelle alliance, que de son côté ouvert naisse l’Eglise, épouse du Seigneur, pour que celui qui l’ignore, le centurion païen puisse dire :
« Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Mc 15, 39)
C’est donc pendant son sommeil que Dieu vient dans la vie de Joseph pour permettre qu’advienne en Jésus une nouvelle Alliance. Cette nouvelle Alliance n’est possible que par l’accomplissement des promesses de l’ancienne Alliance, et donc par le fait que Jésus soit vraiment le fils de David annoncé. Puisque c’est Joseph qui est descendant de David, s’il chasse Marie et son enfant, il éloigne ceux-ci de la lignée en question…

Et nous ? Nous est-il déjà arrivé de bénéficier de songes envoyés par le Seigneur ? Quand et comment avons-nous fait alliance avec Lui ? Comment avons-nous décidé de vivre avec Lui, de mettre notre foi en Lui et de Lui faire confiance ? Quelles rencontres avons-nous vécues avec Dieu ? En étions-nous conscients sur le moment ou bien a-t-il fallu que nous nous “réveillons”, que nous en prenions conscience après ?

et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,

Le titre donné à Joseph est clair : c’est comme Fils de David qu’il va maintenant recevoir une révélation ou une mission.
Dans cette partie du verset, c’est de mission qu’il s’agit : prendre Marie chez lui. L’insistance est sur la légitimité : “ton épouse”.
Enfin, il s’agit de ne pas craindre. Autrement dit, le renvoi en secret du verset précédent était une question de crainte. Mais il n’y a aucune raison de penser que Joseph aurait pu avoir peur… que risquait-il ? En quoi ce renvoi aurait-il pu lui être néfaste ?
Il ne s’agit donc pas de peur, mais de la crainte filiale qui est un don du Saint Esprit. Cette crainte, c’est l’accueil révérencieux du mystère dans nos vies. Quand nous réalisons en nous ou face à nous que le mystère de Dieu nous dépasse infiniment mais qu’il est pourtant là et qu’il nous est offert. Quand nous avons assez d’humilité pour nous en savoir indigne et assez de confiance pour l’accepter et même le désirer, quand l’espérance est assez forte en nous pour laisser le Seigneur nous convertir, nous transformer, alors nous avons en nous la crainte du Seigneur !
Pour Joseph, il découvre en Marie en qui il a pleinement confiance et qui est pourtant mystérieusement enceinte, l’œuvre de Dieu ou en tout cas quelque chose qui le dépasse. Il sait que cet enfant n’est pas de lui ; il sait que Marie est toute entière en Dieu ; il ne veut pas interférer ou s’arroger ce qui ne lui appartient pas mais seulement à Marie et à Dieu. Humble face au mystère, confiant en Dieu et en Marie, rempli d’espérance dans l’accomplissement des promesses du Seigneur, Joseph est dans la crainte filiale de Dieu à l’œuvre en Marie.

Et nous ? Où en sommes-nous de cette crainte ? Nous faisons-nous petits devant Dieu ? Sommes-nous assoiffés de Dieu ? Avons-nous confiance en Lui ?
Est-ce que cette crainte nous permet d’accueillir sereinement mais avec conviction la mission que le Seigneur nous réserve ?

puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;

La deuxième partie de ce verset est donc révélation. Celle-ci vient justifier la mission reçue ou l’expliciter. On pourrait reformuler ainsi : “puisque tu es juste, puisque tu marches avec Dieu, accepte Marie car son enfant vient de Dieu. En les accueillant chez toi, c’est avec Dieu même que tu rentres en alliance”.
Il y a deux verbes : engendrer et venir. L’engendrement du Fils est l’œuvre du Père et cela de toute éternité. C’est encore ce qui se passe en Marie, le Fils est engendré par le Père. Mais l’incarnation, l’irruption du Fils de Dieu, Dieu même, dans l’humanité, cela vient de l’Esprit qui agit dans l’homme. Le mystère est donc bien trinitaire, le Père engendre le Fils, le Fils est engendré du Père et incarné par l’Esprit en Marie. L’Esprit que le Christ nous enverra est d’abord celui de qui vient le fils de Dieu fait homme.

Et nous ? Sommes-nous dans l’adoration de cette œuvre Trinitaire quand nous préparons ou célébrons Noël ? Et sommes-nous en train d’accueillir nous aussi Marie et l’enfant chez nous ? Allons-nous laisser Dieu faire de nous des justes ?

21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

La Révélation continue sur le mode de l’évidence : elle enfantera…
Puis revient la mission : tu lui donneras le nom… Bien sûr la mission n’est pas seulement de nommer. L’imposition du nom est le symbole, le signe de l’adoption et de la paternité assumée de Joseph sur cette enfant. C’est Dieu qui, par l’ange, dit ce nom ; Dieu est le Père sans conteste possible. Mais c’est Joseph qui donnera ce nom à l’enfant ; il est vraiment le père, père adoptif mais père authentique (les pères adoptifs le savent bien) de l’enfant venu de l’Esprit saint en Marie sa mère. Ainsi, par cette mission reçue et accomplie, Joseph fait entrer de plein droit cet enfant dans la lignée de David. Le Fils de Dieu et fils de Marie devient ainsi fils de David et correspond à la promesse qui a été faite au grand roi de voir dans sa descendance naître le sauveur.
Mais cette mission est, elle aussi, Révélation puisque le nom a un sens, et que Dieu promet que le sens ne sera pas galvaudé.
Ne croyons pas que ce nom soit nouveau ou unique, c’est le même prénom que celui du serviteur de Moïse devenu juge pour Israël, qui fit entrer le peuple en terre promise. Josué et Jésus sont un seul et même prénom. Celui qui devient par Joseph le fils de David est donc le nouveau Josué. Il va lui aussi permettre au peuple d’entrer en terre promise, mais cette terre-là n’est pas une région ou un pays, c’est bien mieux que cela, et Jésus le fait comprendre dès le début de son premier discours appelé aussi “sermon sur la montagne” :
03 « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. (Mt 5, 3)
La nouvelle “terre promise” est le royaume des cieux.
Et pour arriver dans cette terre promise, il faut être sauvé de son péché, tâche dont nous sommes incapables mais que cet homme, ce Dieu fait homme, ce Jésus, fils de Marie et fils de Dieu adopté par Joseph saura accomplir pour chacun de nous, pour nous tous. Le Mystère de l’Incarnation et le mystère de la Rédemption ne sont qu’un seul et même mystère, celui du Christ, personne divine venue parmi nous pour prendre notre condition humaine, pour se charger de nos péchés et les engloutir dans la mort, pour vaincre la mort et nous ouvrir à la vie.

Et nous ? Est-ce que nous croyons cela ? Prenons quelques instants pour contempler le petit enfant de la crèche et y découvrir déjà celui qui se sacrifiera pour nous. De la crèche au crucifiement, Dieu nous livre UN profond mystère.

22 Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :

L’Evangile de Saint Matthieu, qui s’adresse à des juifs pour les convaincre que Jésus est bien le messie annoncé, en regardant les citations du Premier Testament. Parmi celles-ci, 10 sont particulièrement mises en valeur par une introduction du genre de ce que nous avons ici : “pour que soit accomplie la parole
Ce verset est la première mais on trouve ensuite :
14 Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte,
15 où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils. (Mt 2, 15)
Puis
Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages.
17 Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie :
18 Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus. (MT 2, 16-18)
Et
Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée
23 et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. (Mt 2, 22-23)
Puis
13 Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
14 C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :
15 Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations !
16 Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.
Et encore
D’une parole, il expulsa les esprits et, tous ceux qui étaient atteints d’un mal, il les guérit,
17 pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies. (Mt 8, 16-17)
Et
il leur défendit vivement de parler de lui.
17 Ainsi devait s’accomplir la parole prononcée par le prophète Isaïe :
18 Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui je trouve mon bonheur. Je ferai reposer sur lui mon Esprit, aux nations il fera connaître le jugement.
19 Il ne cherchera pas querelle, il ne criera pas, on n’entendra pas sa voix sur les places publiques.
20 Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher le jugement.
21 Les nations mettront en son nom leur espérance. (Mt 12, 16-21)
Et aussi
13 Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.
14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. (Mt 13, 13-14)
Et
03 Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : “Le Seigneur en a besoin”. Et aussitôt on les laissera partir. »
04 Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète :
05 Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme. (Mt 21, 3-5)
Puis dans un genre différent :
52 Alors Jésus lui dit : « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée.
53 Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges.
54 Mais alors, comment s’accompliraient les Écritures selon lesquelles il faut qu’il en soit ainsi ? »
55 À ce moment-là, Jésus dit aux foules : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, dans le Temple, j’étais assis en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. »
56 Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent.
Et enfin
06 Les grands prêtres ramassèrent l’argent et dirent : « Il n’est pas permis de le verser dans le trésor, puisque c’est le prix du sang. »
07 Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y enterrer les étrangers.
08 Voilà pourquoi ce champ est appelé jusqu’à ce jour le Champ-du-Sang.
09 Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Ils ramassèrent les trente pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix, le prix fixé par les fils d’Israël,
10 et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné. (Mt 27, 6-10)
On le voit : ces prophéties viennent de toutes les parties du premier Testament. Elles illustrent tout l’Evangile, depuis l’enfance jusqu’à la passion, depuis l’annonce du royaume jusqu’aux rameaux, à propos des miracles comme des paraboles. Saint Matthieu veut vraiment prouver que Jésus est le messie annoncé. Il nous permet de comprendre que le premier Testament est l’annonce du Nouveau Testament et que le Nouveau Testament est l’accomplissement du Premier Testament. En la personne de Jésus se trouve le sens etl a cohérence de toutes les Ecritures.

Et nous ? Savons-nous lire ainsi les Ecritures, en les éclairant les unes par les autres, en trouvant en Jésus le sens ultime de toute chose ? Et sommes-nous capables de contempler le Christ avec ces yeux là : Il est le grand prophète, Il est le Messie, Il est celui qui doit venir, Il est le Christ, le Fils de l’homme, le Fils de Dieu.
Cherchons-nous à suffisamment connaître les Ecritures que ces sens révélés puissent nous devenir accessibles et même familiers ?

 

23 Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »

Voici la citation du livre d’Isaïe :
14 C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). (Is 7, 14)
Il reste un petit mystère : La prophétie dit : “elle l’appellera Emmanuel, Dieu avec nous” et l’ange dit à Joseph : ”tu l’appellera Jésus, Dieu sauve”. Pourquoi une telle disparité des noms ?
Un texte de st Paul nous aide à trouver la réponse :
31 Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
32 Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ?
33 Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste :
34 alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous :
35 alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ?
36 En effet, il est écrit : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, qu’on nous traite en brebis d’abattoir.
37 Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.
38 J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances,
39 ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.
Saint Paul commence par “si Dieu est pour nous “ ce qui fait penser à Emmanuel, Dieu avec nous. Aussitôt il rappelle que c’est par le Sacrifice du Christ que cela s’accomplit, puis il affirme “nous sommes les grands vainqueurs” et encore “ni la mort ni la vie rien en nous séparera de l’amour de Dieu”. C’est bien cela le Salut. Autrement dit : si Dieu est avec nous (Emmanuel), alors il nous Sauve (Jésus) et si Dieu nous sauve (Jésus) c’est en étant avec nous (Jésus). En fin de compte ces deux noms, différents quant à leur sens désignent une même réalité puisque Dieu a choisi de se faire l’un de nous pour nous sauver.

Pour nous, voici deux motifs de rendre grâce : Dieu est avec nous, pour nous, parmi nous, soyons heureux de le savoir et émerveillés de le vivre et de l’expérimenter ; Dieu nous sauve de la mort et du péché, soyons conscients de ce qu’Il a fait et subi pour cela, soyons en reconnaissants et admiratifs.

24 Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse,

Après le songe le réveil… Après la mission et la révélation, l’action et l’obéissance. Joseph est un homme silencieux mais un homme qui agit, toujours dans l’obéissance, immédiatement. Ce n’est pas par manque de réflexion ou d’initiative ; ainsi, c’est lui qui prend l’initiative du retour d’Egypte. Un autre songe lui fait choisir la ville de Nazareth mais il avait décidé de rentrer et le songe, tout en précisant la volonté de Dieu, confirme son initiative. En homme juste, il “marche avec Dieu” mais cela ne lui retire ni sa liberté ni ses initiatives. Il est un homme juste et libre.

Et nous ? Comprenons-nous qu’il n’y a aucune opposition entre l’obéissance et la liberté ? Sommes-nous prêts à obéir librement au Seigneur ? Sommes-nous conscients qu’au contraire, la plupart de nos désobéissances nous mènent à des impasses ou nous livre aux mains de l’ennemi, de sorte que ce sont ces désobéissances qui annihilent notre liberté ?

En guise de conclusion : A quelques jours de Noël, cet Evangile nous révèle que Jésus est bien le Fils de Dieu engendré par le Père de toute éternité, mais incarné dans le sein de Marie par l’action de l’Esprit Saint, devenant ainsi le fils de Marie. Il insiste aussi pour redonner toute sa noblesse à l’action de Joseph, l’homme juste et obéissant qui reçoit la mission d’adopter cet enfant et de le faire ainsi entrer dans la lignée du roi David, ce que devait être le messie. Il nous rappelle aussi que le Seigneur est parmi nous pour nous sauver, et même que c’est en se faisant l’un de nous qu’il nous sauve.Évangile du 18 décembre
En mettant saint Joseph au cœur de toutes ces révélations et de tous ces appels, l’évangile nous pousse à l’imiter, à nous en inspirer. Soyons, nous aussi, des serviteurs attentifs, libres et obéissants, des justes qui veulent marcher avec Dieu et qui se laissent transformer et sauver par lui : l’Emmanuel, Dieu avec nous.