Évangile du 25 septembre

Lectio Divina du dimanche 25 septembre 2022 : 26e ordinaire (C)

Evangile de Jésus Christ selon st Luc (Lc 16, 19-31)

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens :19 « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux.
20 Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères.
21 Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.
22 Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra.
23 Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
24 Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.
25 – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance.
26 Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”
27 Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père.
28 En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”
29 Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !
30 – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.”
31 Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »

Lecture ligne à ligne

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens :

Nous sommes dans la continuité du discours en parabole que Jésus fait aux pharisiens depuis le début de chapitre 15. Celui-ci commençait ainsi :
01 Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
02 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
03 Alors Jésus leur dit cette parabole :
Suivent les paraboles de la brebis perdue, de la drachme perdue, du fils prodigue et de son frère ainé et au chapitre 16 le gérant malhonnête. Puis l’évangéliste relance sur le dialogue avec les pharisiens :
14 Quand ils entendaient tout cela, les pharisiens, eux qui aimaient l’argent, tournaient Jésus en dérision.
Viennent encore quelques avis puis la parabole que nous allons lire aujourd’hui.

Et nous ? Sommes-nous de ceux qui récriminent ou qui se moquent ? Avons-nous tendance à juger nos frères ? Ou bien est-ce que nous nous défendons nous-mêmes dans notre péché ou nos faiblesses en ironisant ou en nous moquant de Dieu et des autres ?

19 « Il y avait un homme riche,

Nous avons déjà trouvé plusieurs paraboles qui commencent ainsi. La parabole des deux fils suggère que le père est riche mais il y a au moins deux autres paraboles :
le riche insensé :
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté.” (Lc 12,16)
le gérant malhonnête :
01 Jésus disait encore aux disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. (Lc 16, 1)
Dans ces paraboles, l’homme riche est tantôt l’insensé, tantôt le naïf floué mais aussi le père parfait : image du Père du ciel. Jésus ne se laisse pas enfermer dans une seule vision ou une idée préconçue de telle ou telle sorte de personnes. Le riche peut être celui qui est critiqué ou celui qui est donné en exemple…

Et nous ? Sommes-nous de ceux qui mettent des étiquettes sur les gens ? Est-ce que nous jugeons les gens à priori ? Est-ce que nous sommes disposés à nous laisser surprendre par les paraboles de Jésus ?

vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux.

Voyez la comparaison avec la parabole des deux fils : le père ordonnait qu’on lui apporte le plus beau vêtement et il ajoutait :
mangeons et festoyons,
24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Le bon Père festoie non pas tous les jours mais pour ce jour particulier. Il ne fait pas un festin pour lui-même mais pour un autre, son fils. Il est capable de le voir, de le reconnaitre malgré son retour piteux. L’homme riche, lui, vit cela de manière quotidienne et sans raison, de manière solitaire et égoïste. C’est le contrepoint parfait du Père de l’autre parabole.

Et nous ? Quelle place laissons-nous à nos frères dans notre vie ? Comment vivons-nous la sobriété du quotidien et la fête de la rencontre d’un ami, d’un frère ? Quel soin portons-nous à nous-même ? Savons-nous trouver un équilibre entre confort et opulence, entre aise et richesse, entre agrément et surconsommation ?

20 Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare,

La parabole insiste à la fois sur la proximité (devant son portail) et sur la différence totale (gisait un pauvre). Ce n’est pas le seul endroit de l’évangile où nous trouvons cela. Prenons par exemple la rencontre au temple avec la pauvre veuve :
01 Levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor.
02 Il vit aussi une veuve misérable y mettre deux petites pièces de monnaie.
03 Alors il déclara : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres.
04 Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Lc 21, 1-4)
Le contraste est le même et nous fait déjà comprendre que Jésus va opposer la vraie richesse, celle du cœur et de l’Amour de Dieu avec la fausse richesse, celle des biens matériels. Voici qui résonne bien avec ce que nous avons vu des pharisiens qui aiment l’argent (V 14 cité plus haut) et bien sûr avec la conclusion de la parabole du gérant malhonnête :
09 Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. (Lc 16, 9)
C’est ce que fait cette pauvre veuve : elle se fait de Dieu un ami qui l’accueillera dans sa demeure éternelle.

Et nous ? Pouvons-nous encore nous interroger sur notre rapport à l’argent ? Mais cette fois-ci, en nous demandant si nous ne prétextons pas un peu facilement notre pauvreté pour nous éviter de devoir partager, offrir, ou servir nos frères ?

qui était couvert d’ulcères.

Cette description peut paraître misérabiliste ou exagérée, mais sans doute se contente-t-elle de rappeler à ses auditeurs, férus d’Ecriture, le sort de Job en butte aux tracas du démon :
07 Et l’Adversaire, quittant la présence du Seigneur, frappa Job d’un ulcère malin depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. (Jb 2, 7)
Job est à la fois le type même de l’homme souffrant et du fidèle à Dieu. Ainsi nous est présenté ce Lazare comme un nouveau Job.

Et nous ? Comment nous comportons-nous face à nos misères, à nos douleurs ou nos peines, à nos difficultés de toutes sortes : Job a perdu sa richesse, mais aussi ses enfants et sa santé et même la compréhension de sa femme, qui le prend pour un fou :
09 Sa femme lui dit : « Tu persistes encore dans ton intégrité ! Maudis Dieu et meurs ! » (Jb 2, 9)
et de ses amis qui l’accusent d’être pécheur :
06 Ta piété n’est-elle pas ton appui, ta vie intègre n’est-elle pas ton espérance ?
07 Souviens-toi : quel innocent n’a jamais péri ? (Jb 3, 6-7)
Sous-entendu, tu n’as plus de piété ou si tu étais innocent, Dieu ne t’aurait pas infligé cela…
Mais Lui Job continue de croire en Dieu qui dispose de tout :
21 Puis il dit : « Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! » (Jb 1, 21)
et s’il est broyé sous sa souffrance au point de ne plus vouloir vivre, jamais il n’accuse le Seigneur :
01 Job prit la parole et dit :
02 « En vérité, je sais bien qu’il en est ainsi : Comment l’homme pourrait-il avoir raison contre Dieu ?
03 Si l’on s’avise de discuter avec lui, on ne trouvera pas à lui répondre une fois sur mille.
04 Il est plein de sagesse et d’une force invincible, on ne lui tient pas tête impunément. (Jb 9, 1-4)
Il ne s’agit pas d’accuser Dieu, encore moins d’accuser le pauvre mais seulement d’accepter la justice de Dieu, même quand elle semble incompréhensible. Job dénonce ceux qui se targuent de leur richesse ou de leur bonheur pour condamner ou mépriser le pauvre et le malheureux :
05 Au malchanceux, le mépris ! pense l’homme heureux. Un coup de plus à ceux dont le pied chancelle ! (Jb 12, 5)
En cela, il donne bien une première clé de lecture à cette parabole. Mais nous, agissons-nous ainsi en nous gargarisant de nos réussites et en accablant ou accusant le malheureux à cause de son malheur ?

21 Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ;

Voici qui nous renvoie à un autre épisode de l’Evangile :
22 Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »
23 Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »
24 Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
25 Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! »
26 Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
27 Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » (Mt 15, 22)
Voyez l’indifférence des disciples aux cris de cette femme ; ils sont comme le riche de la parabole, indifférent au pauvre Lazare. Quant à Jésus, il semble la repousser, mais en fait, il est simplement en train de dire quelle est sa mission. La femme obtiendra pourtant la grâce demandée par sa foi et sa ténacité, ce qui montre que Jésus écoutait et qu’il ne repoussait pas la personne mais avertissait sur sa mission.
Enfin la femme se compare elle-même à un petit chien qui mange sous la table ce qui en tombe. Le pauvre Lazare est donc décrit dans sa pauvreté mais aussi dans son humilité. Il ne veut ni déranger, ni revendiquer, seulement il désire de quoi vivre.

Et nous, Pouvons-nous accepter que Jésus ne soit pas là pour satisfaire nos désirs, mais pour remplir une mission ? Croyons-nous que Jésus nous repousse ou nous ignore quand Il ne fait pas ce que nous demandons ? Avons-nous assez de foi pour accepter sa décision plutôt que l’assouvissement de nos envies ? Et avons-nous aussi assez d’humilité pour nous contenter de peu et ne pas jalouser celui qui a beaucoup ?

mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.

Cette remarque insiste sur le malheur de Lazare mais aussi sur le fait que même les chiens sont plus attentifs à lui que le riche, leur maître !

Et nous ? Quel regard portons-nous sur la souffrance de nos frères ? Nos richesses nous empêchent-elles parfois de voir les pauvres autour de nous ? De les voir et de les considérer ? En quoi vivons-nous aujourd’hui la solidarité ? est-ce suffisant ?

22 Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham.

Voici qui campe l’espérance juive : la vie après la mort, espérée comme une réalité individuelle et personnelle est un acquis relativement récent de la foi juive, ce qui explique qu’il y ait encore des courants du judaïsme de l’époque de Jésus qui refusent cette foi :
23 Ce jour-là, des sadducéens – ceux qui affirment qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus (Mt 22, 23)
Les mêmes ne croyaient pas à l’existence des anges, contrairement aux pharisiens. C’est précisément à eux que Jésus s’adresse. Non seulement il affirme ainsi l’existence des anges et la vie personnelle après la mort mais en plus, il ajoute à son récit des éléments qui n’ont pas de grand intérêt si ce n’est de se rendre proche de son auditoire.

Et nous ? Quelle est notre espérance ? Et que croyons-nous, savons-nous à propos des anges ? Profitons-nous de leur présence bienveillante à nos cotés par la grâce de Dieu ? En faisons-nous des amis et des frères ?

Le riche mourut aussi, et on l’enterra.

La brièveté et la froideur de cette phrase contrastent avec les anges et la proximité d’Abraham dans la précédente. Nous voyons ici un retournement des situations respectives des deux personnages. Le seul mot commun est le verbe “mourir. Il est évident que, riche ou pauvre, tous doivent mourir. Il est aussi évident que tous n’auront pas le même sort. L’espérance, que Jésus nous propose, est faite non seulement de vie après la mort, mais aussi de récompense personnelle et d’une justice divine qui tient compte des actions de la vie terrestre et qui rééquilibre les sorts des différentes personnes.

Et nous ? Comment cette espérance éclaire-t-elle nos vies ? Croyons-nous qu’une vie ne puisse être estimée en vérité que dans son éternité ? Voilà comment nous pouvons concilier (sans comprendre ou trouver cela facile ou agréable) le contraste entre certaines vies heureuses et d’autres si marquées par la souffrance sans accuser Dieu d’injustice, ou encore comment nous pouvons voir certaines personnes vivre vieilles et des enfants partir en bas âge. Aussi révoltantes que soient les situations, nous savons que toute vie est faite pour l’éternité…

23 Au séjour des morts, il était en proie à la torture ;

Il n’est plus question ici du sein d’Abraham (expression exacte de l’espérance juive) ou des anges mais de séjour des morts et de torture. Voilà la rétribution de la vie d’indifférence et de mépris de cet homme. Notez qu’il n’a jamais été dit que cet homme voulait du mal au pauvre. Il s’est contenté de l’ignorer…

Et nous ? Sommes-nous conscients que nous ne serons pas responsables seulement du mal que nous avons fait, mais aussi de tout le bien que nous n’avons pas fait ? Le “je confesse à Dieu” n’ajoute-t-il pas dans la description des péchés ‘par omissions’ ? Il s’agit de la vraie délicatesse et générosité qui n’attend pas d’être sollicitée mais qui scrute et recherche le moyen d’aider, de soutenir, d’encourager et de faire grandir.

levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.

Dans l’évangile, quand on a l’expression « levant les yeux » il s’agit soit de la prière de Jésus :
il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction (Mt 14, 19)
Soit d’une façon de dire que l’attention change sur le monde qui entoure :
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. (Lc 6,20)
Ou
Levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor. (Lc 21,01)
Peut-être que dans son malheur, il se met à prier, mais plus sûrement la douleur l’oblige à regarder le monde comme il ne l’a jamais regardé.

Et nous ? Nous avons sûrement eu notre lot de difficultés, de souffrances et de peines, pouvons-nous reconnaître ce que cela a changé en nous ? Comment notre regard sur les autres ou sur le monde (sur Dieu ?) a été modifié par ces malheurs ? Y a-t-il finalement quelque chose de positif dans ces malheurs, que bien sûr, on ne souhaite à personne ?

24 Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.

Le riche reconnait instantanément Abraham et Lazare. Dans la mort, nous ne sommes plus limités par nos faiblesses humaines ; nous connaissons les gens, non par un aspect extérieur, mais en cœur à cœur et de personne à personne.
Plus encore, il nomme le pauvre par son nom. Il connaissait donc cet homme. Ce n’est pas qu’il ne le connaissait pas mais c’est qu’il ne le considérait pas. Son indifférence en a fait quelqu’un qui n’existait pas.
Notons l’humilité de la demande (tremper le bout de son doigt), il n’ose plus rien réclamer. Cela fait bien penser aux miettes qu’il n’accordait pas sur terre au pauvre.
Mais lui, ici, se plaint ; il veut que sa souffrance soit reconnue et apaisée. Ce qui n’était pas accordée à Lazare sur la terre, il le réclame et se l’arroge lui-même ici. Ainsi fait-il encore preuve d’injustice, lui qui réclame pour lui et demande pour lui. Même s’il a perdu de sa superbe, il reste égoïste.

Et Nous ? Avons-nous tendance à penser que nos problèmes nous donnent tous les droits ? Est-ce que nos difficultés nous recroquevillent sur nous-mêmes ? Est-ce que nos peines nous isolent ou nous rendent égocentriques ? Sommes-nous encore capables de compassions malgré nos propres souffrances ? On entend souvent « il y a toujours plus malheureux que nous » : en sommes-nous convaincus ? Est-ce que cela nous donne de la force, de l’espérance et le goût de partager et soutenir nos frères et sœurs ?

25 – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne.

Abraham se contente d’une description qui n’est pas moralisante. Le seul chef d’accusation de ce riche serait-il qu’il ait été heureux ? Dieu nous interdirait-il d’être heureux sur terre ? Et la seule qualité de Lazare serait-elle d’avoir été malheureux ? est-ce que malheur et sainteté sont liés ?
Nous commençons par répondre aux questions sur Lazare. Il nous suffit de rappeler les béatitudes : ceux qui pleurent, ceux qui souffrent pour la justice ou à cause du Seigneur sont dits “bienheureux”. Il semble qu’il y ait là un lien entre souffrance et sainteté, mais il y a toutes les autres béatitudes : celle des doux, des miséricordieux, des artisans de paix ou des cœurs purs. Ici, plus de lien avec le malheur ! Le point commun est donc toujours le bonheur, et celui-ci est visé dans le ciel (le royaume des cieux est à eux, ils verront Dieu…).
Disons-le donc tout net, la foi chrétienne n’est pas doloriste. Il n’y a pas de nécessité au malheur pour devenir un saint. Mais : Notre nature est marquée par le péché, elle est abimée. Il y aura donc forcément un combat pour vaincre celui-ci avec la grâce de Dieu ; il y aura des renoncements à faire et des conversions à vivre. Qui dit combats, renoncements et conversions implique difficultés et sans doute des souffrances et des peines que seule notre espérance en Dieu, que seule notre confiance en Lui, que seule sa grâce pourra nous donner d’affronter, de vaincre et peut-être aussi de traverser sans heurts (peut être !)
Hommes abimés et fragiles, nous sommes pécheurs et faisons notre malheur nous-mêmes. Ce n’est pas Dieu qui veut que nous souffrions mais nous qui nous infligeons des souffrances, personnellement, parfois, et mutuellement souvent. Ces souffrances sont aussi occasionnées collectivement quand nous créons ce que Saint Jean-Paul II appelait des structures de péché. Il s’agit d’échafaudages humains qui enferment les hommes dans des situations inextricables, et parfois dont on ne peut même plus discerner les responsabilités.
Hommes pécheurs, nous avons abîmé le monde qui parfois, de manière aveugle nous semble-t-il, nous fait ainsi souffrir à cause même de sa dégradation. Ainsi en est-il des maladies et calamités qui sont, en fait, rupture de l’harmonie et de la beauté originelle de la Création.
Mais notre Dieu nous aime, il est un Père attentif et plein de tendresse. Pour certaines choses, Il nous préserve ; pour d’autres, Il nous console et en tout il nous destine à la vie éternelle et bienheureuse.
Voyons maintenant le cas du riche. Ce n’est pas seulement sa richesse qui lui est reprochée, et même ce n’est pas du tout cela. Ce qui est dit c’est « tu as reçu ». Autrement dit, c’était un cadeau mais qu’en as-tu fait ? et la phrase continue « dans ta vie », sous-entendant que sa richesse en est restée à sa vie à qui n’a pas profité à la vie des autres, par exemple à ce Lazare, qui était à sa porte et vivait le malheur. Le reproche n’est pas d’avoir été riche mais de ne pas avoir partagé sa richesse.

Et nous ? Saurons-nous accepter que le mal reste un mystère ? Croyons-nous que Dieu nous en délivre et nous en délivrera ? Continuerons-nous, même face à ce scandale du mal, à Lui faire confiance ? Aurons-nous l’humilité de reconnaître que nous ne pouvons nous en sortir seul, ni même seulement par les forces humaines ? Aurons-nous pourtant le courage de tout mettre en œuvre pour combattre avec nos pauvres forces contre toutes les formes de mal, contre toutes les situations douloureuses ou mortifères ?
Et saurons-nous partager nos richesses, nos qualités, notre temps et notre énergie, notre force et notre courage pour améliorer la vie de nos frères, chacun selon sa mission et sa vocation ?

Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance.

La simple inversion donne l’impression d’une justice rétablie. Il n’en serait rien si c’était mécanique, car il y a d’abord la vie terrestre puis l’éternité. S’il n’y a pas rétribution par rapport à des choix libres, alors il n’y aurait pas de justice.
Dans un premier temps, il faut tout de même dire que le malheur, pauvreté et maladie de Lazare semble lui valoir presqu’automatiquement le salut. C’est qu’il a eu si peu de possibilités de faire le bien qu’il lui est peu demandé. Rappelons-nous par exemple la conclusion de la parabole de l’intendant fidèle :
À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. (Lc 12, 48)
Mais Jésus précise aussi son humilité : il se serait contenté des miettes, sa patience et sa discrétion, il ne demandait rien. Voilà les raisons de son salut : il ne s’est pas révolté, il a fait confiance et gardé l’espérance, il a fait preuve de patience et de douceur.
Quant au riche, nous avons déjà repéré que c’est son indifférence, son égoïsme qui lui valent son châtiment.

Et nous ? Que faisons-nous pour lutter contre notre indifférence ou nos replis sur nous-mêmes ? Et dans nos difficultés, savons-nous rester humbles et patients ? Il ne s’agit pas de se résigner ou d’être fatalistes mais d’être guidés, dès ici-bas et jusque dans l’éternité, par l’Espérance et la foi.

26 Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous,

Notons tout d’abord la forme de cette phrase : un passif sans agent ! L’abîme a été établi mais nous ne savons pas par qui. Ce n’est pas une fatalité ou une conception mauvaise de l’au-delà. C’est une décision prise : quelqu’un a établi cet abîme mais nous ne savons pas qui.
Quel est donc cet abîme ? La tradition chrétienne y voit depuis des siècles l’indifférence. Pour être plus exact, il faudrait essayer de décrire les choses ainsi : Dieu nous a créés pour que nous soyons à son image et à sa ressemblance, or il est Amour. Dieu nous a restaurés et réconciliés à Lui, malgré le péché pour que nous soyons ses enfants, tous frères. Nous sommes donc faits pour nous aider d’un amour total, celui des frères, des fils du Père : source de tout amour. Ce qui nous unit c’est donc l’amour de Dieu. Imaginons maintenant que nous refusions cet amour, que nous ne nous estimions pas liés les uns aux autres, que nous ne nous ressentions plus frères de tout homme. Cela signifie que nous ôtons de nos vies cet amour de Dieu qui nous relie. Mais si nous enlevons l’amour de Dieu, que peut-il rester sinon un grand abîme, un abîme infini à la dimension de l’amour infini de Dieu qui est refusé. C’est cela l’indifférence : refuser de voir en l’autre un frère, un fils de Dieu, le considérer comme négligeable, chasser l’Amour de Dieu qui nous unit à l’autre.
Ainsi ce n’est pas Dieu qui a établi cet abîme ; c’est nous, notre indifférence, notre manque d’amour.

Et nous ? Quels abîmes creusons-nous ? Quels ponts établissons-nous avec nos frères ? Sommes-nous conscients de l’urgence de rétablir ses ponts avant que l’abîme ne soit définitif et infranchissable ? rappelons-nous de cet avertissement du Seigneur :
42 Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. (Mt 24, 42)
Et aussitôt après :
44 Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. (Mt 24, 44)

pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”

Il y a une asymétrie dans cette affirmation : ceux qui sont « du bon côté », avec Lazare et Abraham voudraient passer mais ne le peuvent pas. C’est qu’ils sont compatissants et voudraient soulager leur frère, mais l’indifférence des autres les en empêche. Par contre pour ceux qui sont de l’autre côté, on ne parle plus de leur désir. Ils sont les riches, les blasés, ils ne désirent rien mais veulent s’arroger ce qui leur semble enviable. Mais on ne s’arroge pas l’amour de Dieu ; on le reçoit avec amour et reconnaissance, ce dont ils sont incapables.

Et nous ? Voici que nous recevons un bon critère pour évaluer notre situation : avons-nous envie de rejoindre et de secourir tous les hommes, même ceux qui semblent perdus ? Ou bien sommes-nous si occupés à chercher à nous sauver nous-mêmes que nous ne nous préoccupons pas tant du salut des autres ? Est-ce qu’au bout du compte, nous acceptons que cela ne sera pas nous, mais Dieu seul qui sera l’instrument de notre Salut ?

27 Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. 28 En effet, j’ai cinq frères :

Voici un grand retournement de situation. Voici que celui qui a toujours été indifférent se met à penser aux autres, en l’occurrence à ses frères. Il semble bien que la souffrance lui fasse vivre une conversion…

Et nous ? Qu’est-ce qui nous pousse à nous tourner vers nos frères ? Qu’est-ce qui nous convertit et fait grandir en nous la charité ?

qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”

Le riche confesse deux choses sur ses frères : la première, c’est qu’ils finiront tous avec lui si rien ne change ; ils sont donc sûrement eux-aussi des riches indifférents. Ensuite, s’ils ont besoin d’un témoignage, cela signifie qu’ils ne sont pas seulement indifférents à leurs frères mais aussi à la Parole de Dieu qui promet le Salut aux justes et la damnation aux injustes. En même temps qu’il reconnaît le péché ou la faiblesse de ses frères, il souhaite leur éviter la torture. Nous entrevoyons déjà ici une faiblesse dans cette pensée altruiste du riche : il agit par peur du châtiment et non pour faire le bien. Il est poussé par la crainte et non par l’amour.

Et nous ? Qu’est-ce qui motive nos bonnes actions ? Est-ce la peur du châtiment ? Alors ces bonnes actions nous tournent encore vers nous- mêmes ; elles nous rendent égoïstes, préoccupés uniquement par notre confort, notre bien-être, notre réalisation de soi. Paradoxalement, ces bonnes actions, à cause de leurs mauvaises motivations, finiront par nous perdre ! Est-ce plutôt pour l’amour de Dieu et des frères, le désir de bien faire ? Alors nous sommes décentrés de nous-mêmes et tournés vers Dieu et les autres, et voilà d’où nous viendra le Salut.
Autrement dit, ce n’est pas tant sur ce que nous aurons fait, que sur l’amour que nous y aurons mis que nous serons jugés…

29 Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !

L’homme riche demandait un miracle, mais Abraham répond par la Parole de Dieu. Nous connaissons bien cela dans l’évangile :
39 Il leur répondit : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas.
40 En effet, comme Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, le Fils de l’homme restera de même au cœur de la terre trois jours et trois nuits.
41 Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.(Mt 12, 39-41)
Ainsi les foules demandaient des signes mais Jésus les renvoie à l’Ecriture : le livre de Jonas, et même plus encore à la prédication de Jonas, parole qui convertit toute la ville et la sauva du châtiment divin.
L’homme voudrait que ses frères voient mais Abraham répond en les invitant à écouter. La vision permet de rester extérieur, elle s’impose : on a vu ou pas, mais elle peut rester superficielle, une chose qu’on a constatée. L’ouïe, par contre, implique la personne et sa décision : on peut entendre sans écouter mais si pour écouter il faut le vouloir, il faut ensuite comprendre ce qu’on entend et ainsi notre intelligence et notre volonté sont impliquées dans l’action d’écouter. Cela devient naturellement un événement intérieur qui pousse à changer.

Et nous ? Que désirons-nous ? du spectaculaire qui ride la surface mais ne pénètre pas en profondeur, ou bien une rencontre qui implique toutes les dimensions de notre personne, une rencontre plus intérieure et intime qui nous oblige à un choix et donc à une conversion ?

30 – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.”

Voici qu’il semble désespérer de la capacité de ses frères à écouter… Mais il y a quelque chose de plus pernicieux. Ce que cet homme demande pour ses frères, c’est une évidence : il veut que la vie après la mort et la rétribution des actes de la vie ne soient pas un acte de foi pour eux mais une évidence. Seulement ce que le Seigneur nous demande et nous propose, ce n’est pas de connaître avec évidence, mais d’accueillir avec foi. Il lui serait très facile de se manifester et de nous imposer comme une évidence son existence, son amour et sa miséricorde. Mais alors quelle place resterait-il pour notre réponse ou plutôt pour que nous puissions faire une réponse libre ? L’évidence supprime la possibilité du choix et donc la liberté qui est une condition pour un amour vrai.
Dans la connaissance, je contrôle et je peux disposer et manipuler ce que je connais ; dans la foi, j’accueille et je reçois, je choisis et j’aime celui en qui je crois, c’est lui qui me porte et me soutient, je dépends de lui !
Cet homme semblait penser aux autres, mais il est encore tout entier dans sa propre vision du monde et du Salut. Il veut encore définir lui-même le rapport qu’il veut bien avoir avec Dieu, un rapport qui n’est pas une relation d’égal à égal, encore moins une obéissance humble mais qui veut contrôler et manipuler.

Et nous ? Que désirons-nous ? Obtenir le Salut ou faire une rencontre ? savoir qui est Dieu ou le Connaître, le rencontrer et l’aimer ? Voir et passer à autre chose ou Croire et nous impliquer tout entier dans cette aventure ?

31 Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »

Il est temps de se poser une question qui aurait pu surgir presqu’au début : pourquoi le pauvre a-t-il un nom dans cette parabole ? Le riche n’en a pas, ni personne dans les autres paraboles : le bon samaritain ? l’intendant fidèle ? le gérant malhonnête ? Les vierges folles ou sages ? le roi ? le négociant, le semeur ? personne n’a de nom sauf ce pauvre-là !
Mais il ne porte pas n’importe quel nom, il porte le nom de l’ami de Jésus, le frère de Marthe et de Marie, celui sur qui Jésus pleura, celui qui est mort mais que Jésus a ressuscité. Peut-être cela indique-t-il déjà que les pauvres sont les amis du Seigneur. Mais plus encore, la parabole parle justement de quelqu’un qui devrait revenir des morts pour avertir les frères du riche. C’est bien ce que le « vrai Lazare », l’ami, non le personnage de parabole, va vivre.
Bien souvent, Jésus invite les pharisiens à croire en Lui qui accomplit les prophéties de Moïse :
45 Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance.
46 Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit.
47 Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (Jn 5, 45-47)
Puis il ressuscite Lazare et voici la réaction :
45 Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
46 Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait.
47 Les grands prêtres et les pharisiens réunirent donc le Conseil suprême ; ils disaient : « Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes.
48 Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. »
(…) 53 À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer.
Ainsi il refuse de croire ce que pourtant ils voient et cela les conduit à refuser plus encore la foi et à chercher à faire mourir Jésus. Et si cela ne suffit pas :
09 Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait réveillé d’entre les morts.
10 Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare,
11 parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus. (Jn 12, 9-11)
Non seulement voire ne les convertit pas, mais en plus, il refuse que d’autres se convertissent et donc ils vont supprimer le signe ! Voilà bien le désir de contrôler et manipuler parce qu’ils pensent savoir et ne veulent pas croire.Ainsi, Jésus prépare, par sa parabole, à recevoir le signe qu’il fera, et par le signe, il donne une consistance nouvelle à sa parabole.

Et nous ? Pouvons nous dire ce qui nous touche, ce que nous recevons dans la foi, ce qui nous fait grandir dans la foi et l’amour de Dieu ? Pouvons-nous aussi identifier les certitudes qui font obstacle à notre foi, les défis que nous avons encore à surmonter pour croire au-delà des évidences ?

En guise de conclusion :
Voici donc une parabole qui commence par exprimer quelques vérités par rapport au jugement et à l’espérance : il y a une vie personnelle après la mort qui est fonction de notre manière d’agir avant celle-ci. La rétribution est personnelle et individuelle ; elle tient surtout à l’amour dont nous avons fait preuve. La souffrance n’est pas une « valeur » qui obtient le Salut mais une circonstance qui peut faciliter et surtout qui vient de notre combat contre le mal sous toutes ses formes, né de notre péché et présent dans le monde, dans nos cœurs et dans nos relations. Dieu est alors le consolateur et le Père juste qui veut nous sauver.
Viennent alors de nouvelles considérations sur la place des frères, et de l’amour, sur la foi et la connaissance, sur notre rapport à Dieu.
Tout ce qui est exprimé là est plus encore vécu par le Seigneur : il est à la fois le riche qui saura voir et prendre en considération le pauvre (l’humanité pécheresse) dont il s’est fait proche, à la fois le pauvre qui, sur la Croix, ne sera que plaies et souffrances, qui suscitera l’indifférence des uns et supportera les « hurlements de chiens enragés » de ceux qui l’ont voulu mort. Il est aussi celui qui ressuscite Lazare pour donner un signe à ceux qui ne croient pas et il est lui-même le ressuscité qui donne le signe par excellence de l’amour salvateur de Dieu.
Il nous revient donc de savoir découvrir le pauvre qui git à notre porte, de savoir contempler les signes qui nous sont adressés, de savoir écouter la Parole pour accueillir la Bonne nouvelle et croire de tout notre cœur. Ainsi, si le Christ a vécu tout ce que raconte cette parabole, nous sommes invités à nous identifier, tantôt à l’un pour nous convertir, tantôt à l’autre personnage pour recevoir le Salut, en ne restant jamais seulement à la morale ou aux actions, mais en plongeant toujours dans la foi et l’amour de Dieu et des frères.