Évangile du 5 juin

Avant tout je vous propose un temps de prière autour du texte d’évangile, selon la méthode dites de la « lectio divina » (lecture divine, lecture de la Parole divine) en groupe (la famille ou personnellement) la méthode est juste ci-dessous.

Ensuite je reprends le texte et vous invite à une méditation partie par partie. Cela devrait vous aider à mieux comprendre le texte et à mieux l’assimiler mais rien ne vaut le temps de prière initial.

         Bonne réflexion et prions les uns pour les autres !

Père Christophe

 

LECTIO DIVINA : LA METODE

 

1- lire silencieusement le texte évangélique pour une meilleure compréhension

2- lire à haute voix (une personne) sans lenteur ni précipitation

Silence pour intérioriser (3 minutes)

Expression libre : chacun est invité à dire le groupe de mots du texte qui lui parle, le touche ; les autres écoutent et accueillent sans questions ni commentaires

3- Relire le texte à haute voix (une autre personne)

Silence pour intérioriser (5 minutes) : qu’est-ce qui me parle aujourd’hui ; comment cela touche-t-il ma vie ?

Expression brève pour ceux qui le souhaitent

4- relire le texte à haute voix (une troisième personne)

Silence pour intérioriser (5minutes) : Quelle prière monte en moi ?

Expression libre et brève d’une prière

Terminer par un Notre Père en commun


Evangile de Jésus Christ selon st Jean (Jn 14,)

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : 15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements.

16 Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous.

23: « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.

24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.

25 Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;

26 mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.

 

NB : l’extrait d’évangile que nous recevons pour la Pentecôte cette année a déjà été expliqué : pour les 2 premiers versets le 6ème dimanche de Pâques de l’année A et pour les suivants le 6ème dimanche de Pâques de l’année C. Je me suis donc contenté de reprendre les commentaires déjà fait en reprenant certains détails dans le cadre d’une fête de Pentecôte

 

Lecture ligne à ligne

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : 15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements.

Il est toujours surprenant d’entendre dans la même phrase « aimer » et « commandement ». Peut-on commander, ordonner à quelqu’un d’aimer ? l’obéissance est-elle une preuve d’amour ? OUI si celui qui commande le fait par amour. NON s’il le fait par désir de puissance, par intérêt personnel ou par désir de domination et manipulation. Si quelqu’un m’aime, le commandement qu’il me donne est pour mon bien, ainsi des parents qui exigent de leurs enfants confiance, respect, vérité, obéissance… Obéir est alors une manière de montrer que nous connaissons cet amour premier, et que nous y répondons à notre tour en aimant.

Et nous ? Avons-nous suffisamment conscience de l’amour de Dieu pour lui obéir non seulement par devoir mais mieux encore par amour ?

16 Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous :

Cette promesse illustre bien ce qui précède : Jésus promet le Défenseur avant de savoir si les disciples l’aimeront, s’ils garderont ses commandements. Son amour est premier.
« Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés » (1jn 4, 10)

Voilà pourquoi Il nous a créé, voilà pourquoi Il nous a donné son Fils :
et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. (1jn 4, 10)

Et nous ? accueillons-nous le don de Dieu avec reconnaissance ? Sommes-nous conscients de la plénitude de grâce dont le Seigneur nous comble ?
Cet amour nous ouvrira-t-il à l’amour de nos frères, amour qui est le premier des fruits de l’Esprit ? la première lettre de saint Jean continue en effet :

11 Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres.

12 Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection.

13 Voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné part à son Esprit. (1jn 4, 11-13).

23 : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ;

Voici un nouveau thème de l’Evangile de ce jour, après le lien amour/commandement, voici le lien entre l’amour pour Dieu et la fidélité à sa Parole. Ce verset est donc une reprise exactement parallèle au verset 15.
Le verset 15 parle de « commandement » reçu et gardé. Cela implique les notions d’obéissance (commandement) et de fidélité (garde). Notre verset 23 inclus donc tout cela mais il parle de parole et non de commandement ce qui indique deux choses :

  • L’amour et la fidélité sont dus pour toute parole du Seigneur et pas seulement pour un ordre. Il y a donc là une relation totale et non seulement une soumission. Le Christ insiste sur le lien « commandement et amour », mais ensuite sur le lien « parole et amour » montrant ainsi qu’il s’agit d’une véritable proximité et même intimité : toute parole du Seigneur mérite d’être reçue et gardée.
  • On passe des commandements qui ne sont que quelques phrases à toute la parole, c’est-à-dire tout ce que le Seigneur a dit, tout son témoignage. Or il a dit lui-même que cette parole c’est toute sa mission, le sens de sa vie sur terre :

38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » (Mc 1, 38)

Il n’est donc pas compliqué de passer de cette parole à La Parole, le Verbe qu’Il est lui-même comme le dit le prologue de saint Jean :

14 Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. (Jn 1, 14)

Ce dont parle le Christ c’est donc de s’unir ou de rester uni à Lui et non seulement d’adhérer à une parole, une pensée ou une doctrine. La relation est non seulement totale et intime mais elle est surtout une relation de personne à personne. Garder la Parole est bien un acte d’amour et non une conséquence comme dans un commandement.

Et nous ? Quel rapport avons-nous avec les commandements, les paroles du Christ et enfin La Parole qui est le Christ ? Pouvons-nous nous rappeler les commandements que le Christ nous a adressés ?

  • Le grand commandement :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.

38 Voilà le grand, le premier commandement.

39 Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

40 De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Mt 22, 37-40)

  • Le commandement de la prière :

09 Vous donc, priez ainsi : Notre Père… (Mt 6, 9)

  • Le commandement de l’Eucharistie :

19 Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » (Lc 22, 19)

  • Le commandement de la mission :

18 Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.

19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,

20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 18-20)

  • Le commandement de l’Esprit Saint :

22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. (Jn 20, 22)

Ces commandements, sont capitaux mais nous connaissons bien d’autres paroles du Seigneur : paraboles, discours, prières… lesquelles retenons-nous pour nous, les connaissant plus ou moins par cœur pour les avoir présentes en nous à tout instant et en vivre ?

Et le Christ n’est pas que paroles ; mais par ses actes et toute sa vie il nous parle de Dieu, Il est la Parole, le Verbe. Quels actes, quels signes, quelles attitudes du Christ gardons-nous au cœur pour nous en inspirer à chaque instant ?

 mon Père l’aimera,  

Quelle belle promesse ! Que pouvons-nous espérer de mieux que d’être aimer du Tout-Puissant, parfait et éternel Seigneur de l’univers ?
Dans le verset 21 de ce même chapitre 14 de Saint Jean, le Christ avait déjà dit :
et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » . (Jn 14, 21)
Dans ce verset le Christ insiste sur le parallélisme entre la relation du disciple au Seigneur et la relation du Seigneur à son Père. Ici Il souligne plutôt la réciprocité : l’amour va de l’homme à Dieu (le Fils) et de Dieu (le Père) à l’homme. Une telle réciprocité implique au moins une intimité parfaite entre le Père et le Fils mais nous savons que c’est plus que cela : une parfaite unité.

Et nous ? quelle est notre Espérance ? Comment formulons-nous notre désir de Dieu, le but de notre vie, le sens de celle-ci ? Espérons-nous partager éternellement l’amour de Dieu ? Contemplons-nous l’unité infinie et parfaite qui unit le Père et le Fils dans l’espérance de faire un jour partie de cette unité, de leur vie ?

nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure

Voici que la promesse de l’amour devient engagement, action concrète. De même que St Jacques nous invite à ne pas avoir seulement une foi de principe ou de paroles mais une foi qui agit :
18 En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. (Jc 2, 18)
De même que le Christ nous demande de ne pas seulement proclamer la foi mais de la mettre en œuvre :
21 Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. (Mt 7, 21)
Ainsi le Père lui aussi ne se contente pas de promettre mais il agit : il vient et fait en nous sa demeure.
Le Christ refait cette promesse dans l’Apocalypse :
20 Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. (Ap 3, 20)
On retrouve ici la réciprocité entre Dieu et les hommes qui montrent que Dieu, ne s’arrêtant pas à notre indignité, fait de nous ses égaux : nous ne sommes que des créatures mais il fait de nous des fils. Nous sommes à son service mais lui nous aime !

Et nous ? Quelle est notre foi et par quelles œuvres la vivons-nous ? Quelle est l’œuvre de Dieu en nous ? Savons-nous la reconnaître, l’accueillir, nous en émerveiller et en vivre ?

24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles.

Cela pourrait sembler n’être que la formulation négative de ce qui a été dit précédemment, mais c’est plus que cela, c’est un critère de discernement : « si tu ne gardes pas les paroles, alors tu sais que tu n’aimes pas ». Celui qui aime garde les paroles mais fait aussi bien d’autres choses, ce sont les œuvres de la foi dont nous parle saint Jacques. On peut ainsi imaginer quelqu’un qui garde les Parole mais ne vit pourtant pas de sa foi, ce sont ceux dont il est dit qu’ils « écoutent mais ne mettent pas en pratique » ou encore qu’ils sont semblables à l’insensé qui construit sa maison sur du sable (Cf. Mt 7, 26), ceux qui, comme nous l’avons rappelé plus haut, disent « Seigneur, seigneur » mais ne font pas la volonté de Dieu. Garder la Parole n’est donc pas un critère absolu de foi. Par contre celui qui ne garde pas la parole celui-là ne peut prétendre aimer Dieu ; le critère est cette fois absolu.

Et nous ? Comment gardons-nous cette Parole ? J’ai déjà parlé au-dessus des commandements, des paraboles, des discours, des prières des gestes et des attitudes que nous connaissons. Mais au-delà du « par cœur », il s’agit ici de savoir comment cette Parole est « au cœur » : au cœur de nos vies, au cœur de nos pensées et de nos décisions, de nos choix et de nos discernements, de nos actions et de nos projets…

Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.

Il y a quelques lignes, le Christ soulignait l’unité entre lui et son Père en exposant une réciprocité qui semblait asymétrique : les hommes aiment le Fils et c’est en retour le Père qui les aime. Mais maintenant Il montre leur différence : « pas de moi mais du Père ». Dans son humilité Il se fait petit devant le Père. Dans son amour Il veut faire du Père celui qui est plus grand que Lui-même. N’allons pas en déduire une relation de domination ou de subordination. Quand on aime, on met l’autre en valeur, on le chérit, le révère et l’honore, on le met plus haut que soi. L’amour pourtant est un lien qui unit et met à égalité ceux qui s’aiment. C’est pour cela qu’il est si beau d’être aimé du Père et d’être invité à l’aimer. De même que le Christ n’est pas petit devant le Père par nature mais par amour et par humilité, de même nous n’avons pas par nature de valeur en face de Dieu mais seulement par l’amour que Dieu a pour nous.

Ici le Christ en profite encore pour donner toute sa noblesse à la Parole qu’Il nous donne : elle n’est pas d’un homme mais de Dieu.

Enfin, si comme nous l’avons dit tout à l’heure, il faut passer de la parole au Verbe, cette phrase nous montre cet amour infini qui fait que le Christ se dépossède totalement de Lui-même pour s’offrir au Père : Lui qui est le Verbe de Dieu n’est pas, n’agit pas, de Lui-même mais seulement de par son Père. C’est précisément parce qu’Il s’abandonne totalement au Père et se reçoit parfaitement de Lui que tous deux ne font qu’Un.

Alors ? pouvons-nous accueillir cet exemple de don de soi, d’abandon confiant et humble pour devenir nous aussi des fils dans le Fils ? Et à défaut de comprendre, pouvons-nous contempler cet amour infini du Fils pour son Père pour nous en inspirer aussi bien dans notre comportement vis-à-vis de Dieu que vis-à-vis de nos frères ?

25 Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;

Voici un grand mystère : le Christ vient de nous demander de garder sa parole, maintenant il nous fait comprendre que cette parole n’est pas adéquate. Elle correspond à ce temps, à son passage comme homme au milieu des hommes sur cette terre. Pourtant bientôt il ne sera plus là et ne nous parlera plus de cette sorte. La parole humaine, nous devrons donc la garder mais en comprenant qu’autre chose doit advenir aussi. Ce qui est absolu, ce ne sont pas les paroles que nous devons pourtant garder mais le Verbe qui nous garde et nous enseigne.

Et nous ? Sommes-nous prêts à garder la parole mais à chercher en même temps au-delà des mots ? Pouvons-nous au-delà de la sagesse et des exemples donnés par le Christ rechercher la personne et l’amour source de toute bonne action qu’est le Christ le Fils de Dieu en nous et pour nous ?

mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.

Voici celui qui remplace, sans la dépasser, la Parole. Il n’y a pas de concurrence et encore moins de hiérarchie entre le Verbe et l’Esprit. Au contraire, l’un et l’autre sont envoyés par le Père, l’un (l’Esprit) est envoyé au nom de l’autre (le Verbe) mais cet autre (le Verbe) ne restera présent que par l’action du premier (l’Esprit).
Le Christ est celui qui fait connaître toute chose :
tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. (Jn 15,15),
et l’Esprit est celui qui « enseignera tout ». Autrement dit il y a une parfaite unité entre le Fils et l’Esprit, aussi parfaite qu’entre le Père et le Fils. L’unité de ces derniers les poussent à coopérer pour l’envoi de l’Esprit. Et l’Esprit contribue au succès et la pérennisation de la mission du Fils envoyé par le Père. Nous voici emportés dans ce grand mouvement de l’amour réciproque qui va de l’une à l’autre des personnes de la Sainte Trinité, qui les unit et unifie leur action sans les confondre ou les mélanger.

Quand le Christ parle de l’Esprit, Il n’évoque plus les paroles mais les souvenirs et ceux-ci ne sont pas de l’Esprit mais du Fils de sorte que notre seul accès au Christ c’est le souvenir qui vient de l’Esprit, mais notre seul accès à l’Esprit c’est la volonté du Fils et du Père et les paroles du Fils qui est le Verbe du Père. Tout cela nous dépasse largement mais nous indique et nous révèle ce que nous ne pouvons ni voir ni comprendre : il n’y a qu’un seul Dieu parfaitement Un en trois Personnes parfaitement distinctes. Leur distinction ne les sépare pas et leur union ne permet pas de les confondre. Elles sont chacune vraiment Dieu parfait et infini et non pas un tiers de Dieu, il n’y a pourtant pas trois dieux mais un seul. Ce que nous ne pouvons ni découvrir par notre intelligence ni même comprendre tant cela nous dépasse, nous pouvons le savoir par Révélation de Dieu, le contempler par le cœur et espérer en vivre par la grâce.

Et nous ? En cette fête de Pentecôte, comment vivons-nous de cette promesse de l’Esprit ? Comment nous laissons-nous enseigner par Lui ? Le laissons-nous faire remonter en nous le souvenir de toute parole, de toute vérité révélée par le Christ pour que nous grandissions dans la connaissance, et l’amour de Dieu ? Le laissons-nous ainsi préparer en nous la rencontre avec ce Dieu si proche et si inaccessible, qui nous prend avec Lui alors que nous ne pourrons jamais le contempler que dans la limite de notre condition de créature ?

Nous savons en effet que c’est l’Esprit qui agit en nous pour que nous puissions découvrir la Parole et le dessin de Dieu sur nous. Il nous apprend aussi à répondre par l’amour dont il est question au début du texte à l’Amour de Dieu. C’est lui qui nous transforme et nous convertit. Tout cela il le fait en nous par ses sept dons : la crainte, la piété, le conseil, la force, la science, l’intelligence et la sagesse. Ses dons sont en nous depuis notre confirmation. Ils sont des dispositions stables qui nous appartiennent comme la main appartient à mon corps. Mais c’est l’Esprit qui s’en sert pour nous rapprocher de Dieu comme un parent saisi la main de son fils pour lui apprendre à marcher ou le faire courir plus vite. Ainsi nous « tirant » par sept dons l’Esprit nous « enseigne tout » :

  • La crainte

12 Venez, mes fils, écoutez-moi, que je vous enseigne la crainte du Seigneur. (Ps 33, 12)

Il ne s’agit pas de peur mais d’une attitude du cœur qui permet de contempler la personne aimer et de chercher à tout recevoir d’elle car nous la considérons comme plus grande, meilleure que nous et que nous voulons grandir avec elle et par elle. Cela nous pousse aussi à donner le meilleur de nous-même en hommage et par respect pour ce que nous avons reçu de cette personne. Ainsi un fils qui écoute les leçons de son père et ne veut pas le décevoir cherchera-t-il à donner le meilleur de lui-même pour l’honneur de son père. C’est aussi une des façons d’honorer le commandement :

12 Honore ton père et ta mère (Ex 20, 12)

C’est aussi pour cela que le psaume dit encore :

10 Saints du Seigneur, adorez-le : rien ne manque à ceux qui le craignent. (Ps 33, 10)

Craindre Dieu, c’est donc bien l’adorer et non avoir peur de lui, mais aussi tout recevoir de Lui de telle sorte qu’il ne nous manque rien. Voilà qui montre comment l’Esprit de crainte nous enseigne tout comme le Christ nous le promet

  • La piété

Mais la crainte seule pourrait nous laisser simplement dans une attitude de dépendance ou de domination. S’il est vrai que Dieu nous domine infiniment, il est tout aussi vrai qu’il ne veut pas nous laisser dans cette condition, il nous veut avec Lui il veut faire de nous des fils vivants avec lui pour l’éternité. Aussi adjoint-Il à la crainte la Piété :

03 Sa puissance divine nous a fait don de tout ce qui permet de vivre avec piété, grâce à la vraie connaissance de celui qui nous a appelés par la gloire et la force qui lui appartiennent. (2P 3)

La piété est donc une vraie connaissance (nouvel enseignement de l’Esprit) qui ne nous fait plus contempler le supérieur (Dieu) mais nous fait entendre l’appel de Dieu, un appel à devenir des fils, à accepter qu’il nous fasse entrer dans la pleine communion qui unit ses trois Personnes.

St Paul nous montre qu’il faut aller jusque-là dans notre compréhension de la volonté de Dieu :

Si quelqu’un donne un enseignement différent, et n’en vient pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l’enseignement qui est en accord avec la piété (1 Tim 6,03)

Et s’il l’on s’interroge sur ce dont il parle quand il évoque les « paroles solides » ou « Si quelqu’un donne un enseignement différent, et n’en vient pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l’enseignement qui est en accord avec la piété », on le trouve un plus loin dans le même chapitre :

12 Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, (1 tim 6, 12)

Il s’agit bien de la vie éternelle, de la vie de Dieu.

  • Le conseil

Les enseignements de L’esprit ne se bornent pas à la contemplation aussi salutaire soit-elle. Il nous enseigne aussi ce que nous avons à faire ou à dire. Ainsi st Jean nous explique :

13 Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. (Jn 16, 13)

Et Saint Luc va plus loin encore :

11 Quand on vous traduira devant les gens des synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la façon dont vous ne vous défendrez ni de ce que vous direz.

12 Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire. » (Lc 12, 11-12)

Voici de bons exemples de ce don de conseil qui n’est pas simplement de souffler à l’oreille de quelqu’un ce qu’il peut dire ou faire, mais de faire entrer la personne dans la pleine connaissance de la volonté de Dieu.

  • La force

Il arrive que nous sachions ce que Dieu veut et que la peur, le manque de foi ou les désirs désordonnés nous empêchent d’obéir. Ainsi saint Pierre pris par la peur ne put marcher sur l’eau comme le Seigneur le lui avait commandé (Cf Mt 14, 28-31) ou le jeune homme riche appelé à suivre Jésus trop attaché à ses richesses pour obéir (cf Mt 19, 16-22). Par contre remplit de l’Esprit le même Saint Pierre après la Pentecôte se montre intrépide à proclamer la Bonne nouvelle ou à affronter la prison, les outrages et les coups infligés par les chefs des prêtres (cf les actes des apôtres). Il ne s’agit donc pas tant de puissance que d’un courage et une détermination à faire ce qui est bien ce que Dieu veut. Ainsi Saint Paul lui-même cite le Seigneur qui lui dit :

« Ma grâce te suffit, dit le Seigneur, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (2 Co 12, 9)

Cette grâce qui se révèle à travers la faiblesse de l’homme voilà la Force.

  • La science

Dieu se révèle à travers ses œuvres, mais il est facile de ne pas le connaître et de se fourvoyer, c’est ce que nous rappelle st Paul :

19 En effet, ce que l’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, car Dieu le leur a montré clairement.

20 Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité. (Rm 1, 19-20)

Pour éviter de s’égarer ainsi, Dieu donne une capacité à lire son message dans la nature, à le reconnaître dans la Création ; c’est encore un enseignement de l’Esprit : la science. C’est ainsi que Dieu préserva le peuple d’Israël de l’idolâtrie du soleil ou de la lune.

Mais le don de science permet aussi de voir au-delà de ce qui est visible dans la nature. Ainsi en fut-il pour Elisabeth au jour de la visitation :

Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,

42 et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.

43 D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? (Lc 1, 41-43)

Elisabeth reçoit de l’Esprit la capacité de voir que Marie est enceinte et de comprendre que son enfant est le Seigneur. Cette révélation venue de l’Esprit qui lui fait voir comme Dieu voit, qui lui fait voir Marie comme Dieu la voit : la mère du Sauveur, voilà la science.

  • L’intelligence

Dieu ne se révèle pas que dans la Création. Bien souvent il enseigne directement les cœurs par sa grâce. Il le fait particulièrement à travers la Parole de Dieu et les sacrements mais aussi à travers tant de grâces diverses et personnelles, actions invisibles de l’Esprit pour nous quand nous en avons besoin, quand le Seigneur veut nous faire franchir un palier dans la connaissance de son mystère.

Par deux fois nous trouvons mention de ce don fait aux disciples par l’entremise de Jésus ressuscité :

  • Aux disciples d’Emmaüs

25 Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

27 Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. (Lc 24, 25-27)

Le terme intelligence n’est pas encore nommé mais un peu plus loin…

  • A tous les disciples au soir de Pâques :

44 Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »

45 Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. (Lc 24 44-45)

Mais en définitive, c’est encore Saint Paul qui décrit le mieux ce don :

09 Mais ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé.

10 Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, en a fait la révélation. Car l’Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu.

11 Qui donc, parmi les hommes, sait ce qu’il y a dans l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît ce qu’il y a en Dieu, sinon l’Esprit de Dieu.

12 Or nous, ce n’est pas l’esprit du monde que nous avons reçu, mais l’Esprit qui vient de Dieu, et ainsi nous avons conscience des dons que Dieu nous a accordés.

13 Nous disons cela avec un langage que nous n’apprenons pas de la sagesse humaine, mais que nous apprenons de l’Esprit ; nous comparons entre elles les réalités spirituelles. (1 Co 2, 9-13)

Le don d’intelligence permet donc de décrire ce que les sens ne perçoivent pas. Mais surtout il nous donne accès à une certaine connaissance de Dieu même, de ses dons en nous et alors nous pouvons juger et jauger les réalités spirituelles. Le don d’intelligence nous entraine jusqu’à cette contemplation ultime. Il nous ouvre au dernier don :

  •  La sagesse

Laissons-nous enseigner par Saint Paul

17 que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaître.

18 Qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles,

19 et quelle puissance incomparable il déploie pour nous, les croyants : c’est l’énergie, la force, la vigueur

20 qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. (Ep 1, 17-20)

La sagesse est donc un don de l’Esprit qui permet trois choses : découvrir ce que Dieu fait pour nous (avec une puissance incroyable manifestée par la Résurrection du Christ), entendre son appel dans nos vies et comprendre quelle espérance cela doit nous donner, et enfin nous faire connaître et nous révéler qui est vraiment Dieu.

Si nous connaissons ainsi vraiment Dieu et ce qu’il fait pour nous, ce à quoi il nous appelle et en quoi nous pouvons espérer, alors nous devons dire que nous pouvons tout voir et comprendre : Dieu et le monde, les personnes et les objets, les circonstances et les événements comme Dieu les comprend. Autrement dit, la sagesse est le don qui nous fait tout regarder avec le regard de Dieu même.

Voilà pourquoi la sagesse est le don ultime et résume tous les autres : il nous fait comprendre les mystères de la Bible, des sacrements et de la grâce tels que Dieu les comprend (intelligence), elle nous fait regarder le monde et les événements comme Dieu les a fait et les aime (science), elle nous fait prendre conscience de nos capacité et de l’intérêt de faire ce que dieu veut (force), elle nous fait comprendre le plan de dieu en toute chose et à chaque instant (conseil), elle nous fait réaliser l’amour de Dieu et son désir de communion avec nous (piété) et nous montre tout ce que nous pouvons ainsi recevoir de Lui pour grandir et progresser (piété). Nous avons besoin de tous ces dons pour nous élever jusqu’à la sagesse qui les parachèvent tous et leur donne une nouvelle dimension puisqu’elle nous réoriente vers Dieu, nos frères et le monde pour les aimer comme Dieu les aime et les servir comme Dieu les sert. En ce sens tous ces dons nous sanctifient mais la sagesse est la sainteté de ceux qui vivent des dons du Saint Esprit

 

 

En guise de conclusion : Le seigneur nous invite aujourd’hui, comme toujours à l’aimer. Mais aujourd’hui il nous montre un chemin qui commence avec ces commandements, continue par sa Parole et trouve son achèvement dans l’Esprit saint qu’Il nous promet. Cette promesse s’est accomplie pour l’Eglise au jour de Pentecôte et pour nous au jour de notre confirmation. Ce jour-là, l’Esprit a encré dans nos âmes ses sept dons par lesquels Il nous attire à Lui et nous donne de mieux répondre à son appel et à son amour. A nous de nous laisser remplir par l’Esprit, mener par l’Esprit, façonner par l’Esprit aux sept dons qui ne demande rien d’autres que de faire de nous des saints.