Lectio divina du dimanche 19 février 2023

Lectio 7e dimanche ordinaire (A)

Evangile de Jésus Christ selon st Mathieu (Mt 5, 38, 48)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : 38 Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent.
39 Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.
40 Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
41 Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.
42 À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !
43 Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.
44 Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent,
45 afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.
46 En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
47 Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
48 Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.

Réflexion ligne à ligne pour aider et guider la lectio divina

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : 38 Vous avez appris qu’il a été dit :

Nous sommes en train de lire la suite immédiate de ce qui a été lu dimanche dernier. Le texte de la semaine dernière commençait par la phrase :
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. (Mt 5, 17)
Et nous avons vu que cet accomplissement, qui n’est pas seulement « mettre en œuvre » mais « porter à son aboutissement » concerne une loi parfaite puisque don de Dieu mais pour des hommes pécheurs dont Jésus lui-même dit :
« C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis… (Mt 19, 8)
A cause de cela, la perfection de cette loi peut aller plus loin par l’action du Christ qui ne se contente pas de « gérer » la dureté des cœurs comme le faisait la loi mais qui est venu sauver les hommes, les arracher au péché pour les réconcilier avec Dieu. Bien sûr cet accomplissement se fait dans une unique direction : celle de l’amour puisque le Seigneur lui-même nous a dit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
38 Voilà le grand, le premier commandement.
39 Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Mt 22, 37-40)
Ainsi le Christ, dans ce chapitre, nous apprend-Il à passer de la loi de Moïse à la loi nouvelle qui ne renie en rien l’ancienne mais la porte à son aboutissement dans l’amour. C’est pourquoi nous trouvons la structure « vous avez appris qu’il a été dit … Et bien moi je vous dis…

Et nous ? Est-ce que toutes nos actions ou paroles sont dictées par l’amour de Dieu et du prochain ? Est-ce que nous savons à la fois nous servir de la première alliance pour comprendre toute l’étendue de la loi de Dieu et nous servir de la nouvelle Alliance pour toujours aller jusqu’à l’amour du prochain ?

Œil pour œil, et dent pour dent.

C’est ce qu’on appel la loi du Talion, elle est formulée ainsi dans le livre du lévitique :
19 Si un homme provoque une infirmité chez un de ses compatriotes, on lui fera comme il a fait :
20 fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent. Telle l’infirmité provoquée, telle l’infirmité subie.
21 Celui qui frappe à mort un animal le remplacera par un autre ; celui qui frappe à mort un homme mourra.
22 Il n’y aura chez vous qu’un seul droit, tant pour l’israélite de souche que pour l’immigré, car je suis le Seigneur votre Dieu. » (Lv 24, 19-22)
Elle a pour but : de limiter les élans de la colère et de la vengeance à une proportionnalité stricte entre le mal et la punition, et à faire de cette règle une loi divine et universelle, d’où la dernière phrase.
Cela permet d’ailleurs dès la première alliance de trouver cette autre phrase :
22 Ne dis pas : « Je rendrai le mal qu’on m’a fait ! » ; compte sur le Seigneur, il te sauvera ! (Lv 20, 22)
Elle montre bien que le talion n’est pas une vengeance ou une autorisation de se venger mais bien une loi qui doit être appliquée parce qu’elle est divine, qui sera au plus tard appliquée par le jugement divin, et qui ne peut en aucun cas être une attitude subjective ou même seulement personnelle et individuelle.
Le même livre des proverbes dit un peu plus loin :
28 Ne charge pas sans preuve ton prochain : tes lèvres seraient-elles trompeuses ?
29 Ne dis pas : « Il me l’a fait, je le lui ferai : je rendrai à chacun selon ses actes ! » (Lv 24, 28-29)
Il s’agit bien d’un procès et du refus de justice auto-exercée et sans preuve ni jugement impartial

Et nous ? Avons-nous tendance à vouloir nous faire justice nous-mêmes ? Sommes-nous dans la confiance par rapport à la justice divine, ou bien sommes-nous facilement scandalisés quand nous ne comprenons pas le projet de Dieu dans le monde ? Avons-nous facilement à la bouche des paroles du genre : « Si le Seigneur était vraiment bon, ou vraiment tout puissant il ne permettrait pas … » ou encore « le Seigneur devrait…, et ne devrait pas… » comme si nous savions mieux que Lui ce qu’Il doit faire ?
Et que faisons-nous pour grandir dans cette confiance ?

39 Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ;

Il y a deux interprétations possibles pour ce verset :
Soit on voit ce qu’il y a juste après : des hommes qui giflent, mettent en procès, réquisitionnent, demandent et empruntent, et alors le méchant c’est celui-là ;
Soit on regarde quelques versets avant, (la conclusion de l’Evangile de dimanche dernier :
37 Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. (Mt 5, 37)
Et alors le méchant c’est le Mauvais, le diable qui vient nous tenter. Cette interprétation pourrait sembler un peu forcée si nous ne constations que les choses incriminées sont précisément ce qu’a du subir le Christ dans sa passion, le moment du grand combat contre le diable : gifle, procès, réquisition (pour porter sa Croix) demandes moqueuse souvent : (si tu es le fils de Dieu…) et emprunt (de ces vêtement…)
Cela nous permet de voir comment Jésus à réagit /
Il n’a pas riposté, il s’est laisser prendre sans combattre :
51 L’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille.
52 Alors Jésus lui dit : « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée.
53 Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges. (Mt 26, 51-53)
Ce qui ne l’a pas empêché de demander justice :
22 À ces mots, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! »
23 Jésus lui répliqua : « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal ? Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » ( Jn 18, 22-23)
Ou encore :
« Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, dans le Temple, j’étais assis en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. » (Mt 26,55)
Et à Judas :
« Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? » (Lc 22, 48)
Et surtout, il ne s’est pas tant préoccupé de la justice des hommes que de celle de Dieu :
Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » (Lc 23, 46)
et de sa miséricorde 
 Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 34)
Ainsi, même si le conseil de ne pas riposter au méchant concerne sans doute plus les hommes qui font du mal que le mauvais, nous pouvons tout de même nous inspirer de ce que Jésus a fait contre le déferlement de haine du mauvais lors de sa passion.

Et nous ? Avons-nous la force de chercher plutôt la justice que la violence ou la vengeance ? Et plutôt la miséricorde que la justice ?

mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.

Voici qui paraît une fois de plus bien excessif. Jésus n’a pas tendu l’autre joue au serviteur du grand prêtre, il lui a demandé de justifier sa gifle… alors ? En droit, cet avis est impossible ni à justifier ni à exécuter, mais rappelons-nous que Jésus n’est pas venu instaurer une nouvelle loi, Il est venu accomplir la loi dans l’amour. Il est du côté de la miséricorde. Alors ? Tendre la joue c’est briser la logique de la violence et du talion que nous avons vu avant ; tendre la joue c’est décider que nous serons la dernière victime de la violence, que personne après nous n’en sera plus l’objet. Jésus n’a pas seulement tendu l’autre joue, il a offert tout son corps à la Croix, il a donné sa vie pour que ses bourreaux soient arrachés à la violence et au péché. C’est pourquoi il dit :
17 Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau.
18 Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau (Jn 10, 17-18)
Subir le mal pour qu’il s’arrête avec nous, voilà une belle manière d’accomplir la loi dans l’amour. Cela nous renvoie à la première recommandation que Jésus a fait lorsqu’il a parlé d’accomplir la loi. A propos du commandement « tu ne tueras pas », il ajoute :
Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement (Mt 5, 22)
Le refus de la colère c’est le refus de la violence. Autrement dit : tends ta joue…
Ajoutons que tendre la joue c’est précisément obliger l’adversaire à un geste de plus, inattendu et surprenant qui nécessite donc une décision et un choix. On est au-delà de la vengeance, dans le choix de faire du mal et non dans la réponse instinctive. Il s’agit de donner une chance à l’autre, devant la douceur de l’adversaire, de refreiner sa colère et sa violence. Autrement dit, nous sommes invités à nous offrir comme victime en sacrifice sur l’autel de la violence pour que la violence elle-même soit vaincue de l’intérieure.

Et nous ? Avons-nous suffisamment de confiance et d’amour vis-à-vis du prochain pour prendre le risque de l’offrande ? Avons-nous assez de respect et d’amour pour le Christ pour le suivre jusqu’à la Croix ?
Du moins, que sommes-nous prêts à faire pour interrompre les cycles de violences, de haine et de colère autour de nous ?

40 Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.

Voici un autre point : le Seigneur invite à accomplir la justice dans la générosité. Notez qu’il ne précise pas si nous devons en justice céder notre tunique, il préfère la générosité pour donner tunique et manteau.
Dans les versets précédents il avait invité :
25 Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison.
26 Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. (Mt 5, 25-26)
Ce qui nous invitait à mettre la concorde et la paix au dessus de la justice, mais aussi à considérer qu’il est possible que ce ne soit pas nous qui soyons du coté de la justice… Là encore nous comprenons que la loi s’adresse à des pécheurs.
Ici aussi, la question de la justice n’est pas tranchée : peut être serons-nous condamnés à céder notre tunique, mais choisissons plutôt librement de donner et notre tunique et même notre manteau. Comprenons bien, il ne s’agit pas seulement de dire qu’il y a plus de mérite à donner largement qu’à céder sous la contrainte. Il s’agit surtout de passer de la justice, de la loi et du rapport de force, à la miséricorde, à l’amour et à la fraternité.
Peu importe de savoir si cette tunique était due ou pas, ce qui importe c’est que ton frère soit bien vêtu d’une tunique et d’un manteau, et surtout qu’il soit ton frère. Comment ne pas penser alors à la fameuse parabole du jugement dernier :
36 j’étais nu, et vous m’avez habillé (…) chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” (Mt 25, 36 ;40)

Et Nous ? Que sommes-nous prêts à offrir, au-delà de ce qui est dû ? Sommes-nous dans la logique d’une vie de justice distributive stricte (tu donnes A je te rends A …) ou bien dans une logique de don, de gratuité :
12 Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour.
13 Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ;
14 heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. » (Lc 14, 12-14)
Notez que la gratuité ici concerne ce monde ici-bas et les rapports avec les égaux, les autres hommes ; mais au contraire il y a bien une logique de rétribution dans le ciel et vis-à-vis de l’infiniment grand : Dieu. Cette rétribution n’entame en rien la gratuité parce que Dieu ne nous doit jamais rien, la récompense qu’il octroie n’est donc jamais un droit, mais une grâce. De plus pour désirer cette récompense, il faut être dans la foi en la miséricorde et la bonté de Dieu. Or la foi n’est pas de l’ordre du droit mais de la confiance et des liens interpersonnels, elle repose sur autre chose que l’intérêt : sur l’amour.

41 Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.

Le Seigneur semble passer de choses importante à des choses subalternes : avec la gifle il parlait de notre propre intégrité, avec le manteau de nos avoirs, qui peuvent avoir un enjeu de vie :
25 Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil.
26 C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir. (Ex 22, 25-26)
Mais pour ce qui est de cette réquisition, elle n’est qu’une action relativement simple. Et s’il ne faut pas s’arrêter matériellement à mille pas mais plutôt regarder la symbolique du nombre mille qui signifie un très grand nombre, autant qu’il en veut, cela reste une simple réquisition pour une action simple. Bien sûr nous l’avons dit, le Christ a été réquisitionné pour faire un chemin, celui de la croix, faire mille pas avec lui c’est donc choisir sa croix. Il est vrai aussi que Simon de Cyrène a été réquisitionné au sens propre du terme pour faire ce même chemin et que cela lui vaut une notoriété et une gloire universelle…
Il n’en reste pas moins que cette simple mission d’accompagnement ne semble pas grand-chose. Peut être le seigneur veut-il nous dire que l’amour ne doit pas se manifester seulement pas l’héroïsme de celui qui résiste à la spirale de la violence ou de celui qui offre généreusement tout ce qu’il a… L’amour se vit aussi au quotidien, et même dans ce qui peut sembler arbitraire et injuste dans des détails, comme une réquisition. Là encore la solution est toujours de sortir par le haut, par un choix gratuit et généreux, d’en faire toujours plus pour montrer à l’interlocuteur que ce n’est pas seulement le choix de la paix, de la générosité ou du temps mais le choix de son frère, le choix de la personne, le choix d’aimer qui est posé.

Et nous ? Sommes-nous dans cette logique de toujours mettre la personne au centre, au-delà des enjeux de pouvoir, de richesse ou de gloire ? Pouvons-nous nous rappeler le dernier geste de générosité gratuite, de disponibilité désintéressée, d’amour que nous avons posé ? Et surtout pouvons-nous nous rappeler pourquoi nous l’avons fait, ce que cela nous a apporté, pour nous motiver à recommencer le plus souvent possible ?

42 À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !

Après l’existentiel (l’intégrité physique) puis le personnel (nos biens de première nécessité) et l’occasionnel (une réquisition), voici maintenant le général, le vague. Il s’agit ici de bien comprendre qu’en fait, il faut être prêt à aider, à aimer en toute circonstance, sans se poser de questions, sans chercher de raisons, sans attendre le moment opportun. C’est surement ce qu’ont vécu les « bénis du Père » de la parabole du jugement dernier qui ne sont même pas conscients de ce qu’ils ont fait :
37 Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
38 tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
39 tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” (Mt 25, 37-39)
Tandis que les maudits n’ont rien refusé, seulement ils n’ont pas vu, ils n’ont pas saisi l’occasion :
ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”
45 Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” (Mt 25, 44-45)
Ils attendaient de grandes occasions ou des demandes précises, mais le Seigneur répond par l’humilité et la disponibilité à tous et en toute circonstance.

Et nous ? Sommes-nous de ceux qui savent donner un « coup de collier » quand il faut (ce qui est un bon début) ou bien de ceux qui sont toujours prêts ? De ceux qui veulent bien aider si c’est important, ou de ceux qui veulent aider tout simplement, de ceux qui auront plaisir à voir que leur service a été utile ou de ceux qui sont heureux de servir…

43 Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.

Dans le Premier Testament on trouve bien le commandement de l’amour :
18 Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. (Lv 19, 18)
Notons qu’on est encore dans l’interdiction de la vengeance, comme dans la loi du talion, et aussi que le prochain semble être exclusivement un « fils de ton peuple ».
Cependant on ne trouve pas le commandement « tu haïras ton ennemis ». C’est que nous identifions « haïr » avec l’opposer d’aimer, détester viscéralement. Mais dans la bible, haïr ce n’est pas ça, c’est plutôt choisir de se démarquer fortement d’une personne, de ne plus rien faire qui puisse concourir à son bien. Ainsi on trouve dans un psaume :
04 Seigneur mon Dieu, si j’ai fait cela, si j’ai vraiment un crime sur les mains,
05 si j’ai causé du tort à mon allié en épargnant son adversaire,
06 que l’ennemi me poursuive, qu’il m’atteigne (qu’il foule au sol ma vie) et livre ma gloire à la poussière.
Voilà qui illustre bien le propos, même si c’est à contrario : épargner son adversaire, voilà le contraire de le haïr, ce qui serait l’attitude juste, tout comme « causé du tort » est le contraire d’aimer son frère, ce qui serait l’attitude juste entre alliés. Voilà pourquoi celui qui fait ainsi mérite le châtiment décrit ensuite.
Tu haïras ton ennemi signifie donc tu ne l’épargneras en rien, tu choisiras clairement de ne jamais concourir à un quelconque avantage pour lui.
Notons encore que l’ennemi ici est désigné comme en opposition au prochain. Cela signifie qu’il n’y a pas forcément un différent autre que la distance, la différence.
Il ne s’agit donc pas tant de vouloir du mal que de refuser de faire du bien, et pas tant d’une personne avec qui on est en conflit qu’une personne dont on est séparé par diverses raisons.
Cela nous rappelle une autre caractéristique de la loi que nous n’avons pas encore évoqué mais qui montre que le Christ pouvait l’accomplir, l’amener à un accomplissement au-delà d’elle-même : elle n’est destinée qu’au seul peuple d’Israël. En Jésus-Christ c’est toute l’humanité qui reçoit la loi de la nouvelle alliance, la loi de l’amour universel.

Et nous ? Sommes-nous capables de sortir de nos cercles habituels et de nos zones de conforts pour nous sentir vraiment envoyés vers tous et appelés à être frère de tous ?
Sans doute avons-nous déjà vécu quelque chose de ce genre : une rencontre imprévue, un service non envisagé, l’irruption d’un inconnu dans notre vie qui nous a beaucoup apporté, soit sur le moment, soit à plus long terme… Cela nous prouve que c’est possible et souhaitable ; prenons le temps de nous en rappeler pour nous disposer à le refaire en toutes circonstances.

44 Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis,

Voici que pour la première fois au cours de ce long discours commencé lors de l’évangile de dimanche dernier, pour la première fois donc le Christ utilise me mot « aimer ». Il ne nous parle que de cela depuis le début, mais il n’avait pas encore prononcé le mot. Il le dit au paroxysme de sa démonstration : après l’existentiel, le personnel, l’occasionnel et le général, voici maintenant l’improbable, l’impossible et même l’illogique. L’amour paradoxal de l’ennemi vient prendre presque à contrepied toute notre logique. Que devons-nous en conclure ?
La première explication, à minima, consiste à simplement constater que l’ennemi s’oppose au prochain, au « fils de ton peuple », et donc que c’est une invitation à dépasser les différences… C’est évidemment vrai, mais est-ce suffisant ?
La seconde explication consiste à une quasi tautologie, un sophisme : un ennemi c’est quelqu’un que je n’aime pas ; si j’aime mon ennemi il cesse à l’instant d’être mon ennemi ; le Christ m’interdit d’avoir des ennemis. C’est toujours vrai, c’est sans doute plus proche de la pensée du Seigneur, est-ce suffisant ? Là encore, il faut aller chercher plus loin !
Pour aller plus loin il faut regarder l’exemple du Seigneur. Nous avons noté plus haut qu’il a subit ceux dont il parle et nous montre l’exemple dans sa passion. A-t-il alors pires ennemis que ces chefs du peuple qui l’ont livré ? Nous avons déjà cité sa prière d’intercession pour eux et sa miséricorde à leur égard :
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 34)
Trouver des excuses, demander du bien (le pardon), et les confier à la personne qu’il aime le plus, le Père, y a-t-il plus forte preuve d’amour ? Jésus fait cela alors même que ces personnes l’insultent ou l’invectivent.
Cela signifie que l’amour de l’ennemi est à vivre alors même qu’ils se montrent nos ennemis. Il y a ainsi une gratuité absolue, qui vient de la certitude qu’il n’y aura aucune réciprocité puisque la personne à qui nous offrons notre amour est précisément en train de nous combattre.
Un amour gratuit parce que rien ne le motive, ni élan, ni réciprocité possible, rien d’autre que de savoir qu’il y a là un frère. En d’autres termes, la seule source de cet amour c’est Dieu qui est notre Père à tout deux, faisant de nous des frères, Dieu qui aime et donc montre que cette personne est aimable, Dieu qui désire que nous aimions. L’amour gratuit est donc un amour motivé par l’amour de Dieu. C’est pourquoi il aura tout de même une récompense, qui vient de Dieu non comme un dû, mais comme une grâce, la joie du Père de se reconnaître, en nous, ses images, puisque nous aimons comme il aime.

Et nous ? Cherchons-nous dans l’amour de Dieu non seulement la force mais même la raison d’aimer ceux qu’Il met sur notre route ?

et priez pour ceux qui vous persécutent,

Jésus parle de ce qu’Il connaît. Non seulement Il va expérimenter la persécution physique durant sa passion, mais tout au long de son ministère Il a été en bute à des persécutions psychologiques, avec ce roulements incessants de personnes, scribes et pharisiens, docteurs de la loi et saducéens qui venaient le mettre à l’épreuve, qui récriminaient contre lui…
Quand les évangiles sont écrits, les chrétiens connaissent déjà les première persécutions, ils savent, eux-aussi, de quoi ils parlent. Il n’est pas difficile de faire le parallèle entre les « ennemis » et « ceux qui vous persécutent ». Il faut donc aussi faire le parallèle entre « aimez » et « priez ». Nous avons noté que c’est ce que fait Jésus pour ses bourreaux. Quand il s’agit authentiquement d’ennemis, de personnes qui nous veulent du mal, la seule preuve d’amour que nous puissions donner, le seul amour que nous puissions vivre vraiment, c’est de prier pour eux, de les mettre dans le cœur de Dieu pour qu’ils soient en tout cas aimés de Lui.

Et nous ? Nous sentons-nous capables d’un tel amour ? Quels sont nos ennemis (au sens strict ou au sens large de ceux qui ne nous aiment pas ou que nous n’aimons pas). Est-ce que nous pensons à prier pour eux ?

45 afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ;

Voici une finalité que nous avons déjà rencontrée :
09 Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. (Mt 5, 9)
De cette béatitude ou du rapprochement que nous venons de faire, il pourrait donc s’ensuivre cette conclusion : être artisan de paix c’est aimer ses ennemis et réciproquement, aimer ses ennemis c’est être artisan de paix. Qu’est-ce que la paix ? L’absence de guerre, oui, mais ce n’est pas seulement cela. La paix est un fruit du saint Esprit :
Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité,
23 douceur et maîtrise de soi. (Ga 5, 22-23)
Autrement dit, la paix est une conséquence directe et la manifestation de la présence agissante de l’Esprit. L’artisan de paix est donc celui qui travaille à rendre présent et agissant l’Esprit Saint. Mais l’Esprit est partout, sauf dans les cœurs de ceux qui le refusent. Celui qui refuse l’esprit est loin de Dieu, mais aussi loin de tous ceux qui sont fils de Dieu. Il est pécheur à cause de son refus de l’Esprit. Pour nous qui cherchons la vie dans l’Esprit, celui qui refuse la présence de l’Esprit est un ennemi. Mais cet ennemi-là, nous sommes vraiment invités à l’aimer, à lui montrer l’Esprit et la richesse de ses dons et de ses fruits pour l’amener à ce réconcilier avec Dieu et donc avec ses frères. Ainsi l’artisan de paix travaille extérieurement à la réconciliation entre frères, intérieurement à la réconciliation avec Dieu et au triomphe de l’Esprit dans les cœurs et, ultimement, à se rapprocher de Dieu qui est père de tous, et des autres qui sont tous ses frères. Il devient donc image de ce Dieu qui n’est qu’amour, et même plus, il devient fils de Dieu. Saint Jean l’a si bien dit :
07 Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. (1jn 4, 7)

Et nous ? qu’est-ce qui fait de nous des artisans de paix ? Quelle paix recherchons-nous vraiment ?

car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.

Le soleil représente la gloire de Dieu comme le montre cette citation :
43 Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. (Mt 13, 43)
Il est d’ailleurs dit aussi au jour de la Transfiguration :
02 Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. (Mt 17, 2)
La gloire du Christ transfiguré est comparée au soleil.
Quant à la pluie, elle peut représenter la grâce de Dieu qui fait vivre :
25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre 25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre (Lc 4, 25)
Gloire ou grâce, le soleil et la pluie nous parlent donc de Dieu et de ses bienfaits qui sont mis en lien avec « les justes comme les injustes » autrement dit tout le monde. La comparaison ici vise à montrer l’universalisme de la générosité de Dieu. Et cela nous indique du même coup qui nous devons aimer pour être des fils de Dieu : tout le monde y compris nos ennemis.

Et nous ? Savons-nous ce qui nous entrave pour être vraiment des fils du Père :
L’orgueil : il nous fait voir nos ennemis comme ne pouvant avoir aucune raison ou part de vérité dans le conflit qui nous oppose. Il n’y a donc rien à sauver en eux, rien à aimer en eux
L’Avarice : il nous fait tout garder pour nous, considérant que tout ce que les autres pourraient avoir serait autant que nous n’avons pas. Comment se montrer généreux avec eux, comment les aimer ?
La Luxure : nous fait regarder les autres comme des objets de plaisir et des moyens d’assouvir nos pulsions. Nous ne les voyons pas comme des frères mais comme des objets, s’ils refusent de s’offrir à nous, ils deviennent alors des ennemis.
La paresse nous empêche de rendre service, de nous inquiéter ou même de nous intéresser à qui que ce soit, à quoi que ce soit : mais comment aimer ce qui n’a pas de valeur à nos yeux ?
La Gourmandise nous fait capter toute chose pour en user et consommer, dès lors toute personne est un concurrent ou un obstacle dans la recherche des biens de consommations, l’aimer n’est pas possible
La colère : il s’agit de la pulsion de tout détruire ou de tout réduire à notre main, à notre convenance et selon nos désirs. Là encore les autres devront, soit devenir des instruments, soit être réduit à rien. Les rapports deviennent violence qui ne permet pas d’amour vrai.
L’envie : la jalousie pernicieuse fait percevoir toute personne comme un concurrent injustement doté ; s’il est considéré comme ayant plus, c’est un usurpateur et il faut lui arracher ce qu’il a ; s’il est considéré comme ayant moins, il est alors un parasite, un obstacle ou un « boulet à trainer, qui ne peut que nous limiter dans notre épanouissement. Impossible d’aimer qui que ce soit dans ces conditions
Ces sept péchés capitaux recouvrent tout ce qui peut nous empêcher d’aimer et donc de devenir des fils du très haut. Chacun de nous peut reconnaître, avec la grâce de Dieu, celui qu’il doit combattre en priorité pour s’avancer, cheminer vers Dieu et grandir dans son amour

46 En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?

Voilà qui pourrait nous surprendre : le Seigneur semble mettre au cœur de l’amour non la gratuité mais la recherche d’une récompense. Mais en fait il nous dit trois choses :
1- L’amour vrai n’est pas la conséquence d’un amour réciproque. Même si nous aspirons tous légitimement à cette réciprocité, notre amour doit précéder l’amour qui vient des autres, et donc accepter que cette réciprocité ne viendra peut-être jamais sur cette terre.
2- L’amour vrai ne fait pas bon ménage avec le péché. Ce que vivent les pécheurs n’est donc pas l’amour vrai ou en tout cas la totalité de cet amour.
3- Mais quand l’amour dépasse celui des pécheurs, quand il est désintéressé vis-à-vis de celui qui est aimé, il devient alors une image et même une expérience de ce qui se vit en Dieu et nous fait avoir part à sa vie et à ses bienfaits. Voilà la récompense, une récompense qui n’est pas due mais offerte car elle n’est pas une chose mais une personne : Dieu lui-même.

Et nous ? Savons-nous en puiser en Dieu la raison et la force d’aimer nos frères ? Savons-nous apprendre de l’amour que nous partageons avec nos frères à aimer mieux le Seigneur, source de l’amour ?

47 Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?

Pour comprendre cette phrase il faut évidemment se rappeler de ce que sont ces salutations juives : Shalom, la paix !
Voici que saluer quelqu’un c’est lui souhaiter la paix, mais c’est aussi lui promettre la paix, lui offrir la paix… Nous avons déjà dit beaucoup sur les artisans de paix…
Notons que le Christ ressuscité salue toujours ainsi ses disciples :
19 Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20, 19)
Cette salutation est aussitôt accompagnée d’une promesse qui ne fait que confirmer ce que nous avons déjà dit :
22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. (Jn 20, 22)
La paix se manifeste par la présence agissante de l’Esprit Saint. Saluer c’est donc être un artisan de paix mais aussi un témoin et un « canal » par lequel Dieu déverse son Esprit dans les cœurs.
Bien sûr pour vivre cela à fond il faut beaucoup d’amour….

Et nous ? Quel est notre engagement au près de ceux que nous rencontrons, que nous saluons ?
Nous sentons nous responsables de communiquer l’Esprit et sa paix à toute personne que le Seigneur met sur notre chemin ?

48 Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.

L’Evangile de Saint Luc dit plus humblement :
36 Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. (Lc 6, 36)
Dans le fond, il s’agit de la même injonction à rejoindre le cœur même de Dieu, non pas ses affections, mais ce qui fait de Dieu ce qu’il est : une perfection d’amour miséricordieux qui crée pour aimer et qui aime au point de recréer les hommes que nous sommes à son image, à sa ressemblance et finalement comme ses fils.
Le tentateur des origines avait dit aux premiers hommes :
Vous ne mourrez pas !
05 Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.  (Gn 3, 4-5)
Il invitait les hommes à faire de Dieu un menteur, contre sa perfection, et à se dresser contre lui comme s’ils lui étaient égaux et pouvaient être des dieux face à Dieu. Ils ne sont plus alors des créatures faibles et fragiles mais comblées de la miséricorde de Dieu. Ils sont des créatures ridicules qui agitent leur faiblesse comme un défi à Dieu mais qui ne réussissent qu’à se priver de son amour.
Ici c’est tout le contraire : Jésus invite les hommes à contempler la perfection du Père et à l’imiter, non pour se dresser contre lui mais pour se mettre à sa suite et progresser avec lui pour que sa grâce les hissent jusqu’à Lui comme le dit toujours st Jean :
01 Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu.
02 Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. (1 jn 3, 1-2)
Tout part de l’amour du Père, tout sera révélé par lui. Ce qui sera révélé c’est cette grâce qui fait que l’image que nous sommes deviendra son égal parce qu’il nous prendra en lui et que nous vivrons dans la contemplation de ce qu’il est.

Et nous ? Avons-nous cette espérance en nous ? Nous fait-elle vivre ? Est-elle la raison de toutes nos actions ?

En guise de conclusion :
dans la continuité de l’Evangile précédent, celui-ci nous invite à vivre l’amour de Dieu et des frères aussi intensément que possible. De manière explicite, il nous invite à un amour qui ressemble au sien : un amour premier et désintéressé, un amour universel, un amour qui conduit à la paix et à la perfection. Pour y arriver, il faut à la fois savoir accueillir les petites occasions et être prêts pour les grandes. Il faut savoir recevoir de Dieu sa miséricorde et être prêts à offrir nos vies mêmes.
L’amour est donc la plus grande et belle chose qui puisse exister puisqu’elle est ce qui nous unit à Dieu, nous amène à la contempler en vérité et à être transformés en lui. Vivre l’amour c’est vivre de Dieu, pour Dieu et avec Dieu. C’est l’amour de nos frères qui sera le point de départ, l’initiation et le moyen pour y parvenir, alors que, pourtant, Dieu en est la source, le moteur et le sommet. Ne nous en étonnons pas trop : le commandement de l’amour de Dieu ne fait qu’un avec celui de l’amour des frères…