Évangile de dimanche 14 novembre

Dimanche 14 novembre,
33e dimanche du temps ordinaire, Année B

Evangile de Jésus Christ selon st Marc (Mc 13, 24-32)

24 En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ;
25 les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées.
26 Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire.
27 Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.
28 Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche.
29 De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte.
30 Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive.
31 Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.
32 Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père

Lecture ligne à ligne

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :

Dans l’évangile de St-Marc une première partie consiste à montrer que Jésus est le messie annoncé et se termine par le dialogue avec la fameuse profession de foi de St-Pierre :
27 Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? »
28 Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. »
29 Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. »
Dans la partie suivante nous trouvons les 3 annonces de la Passion :
Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. (Mc 8, 31)
il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » (Mc 9, 31)
33 « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes,
34 qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » (Mc10, 33-34)
et le chapitre 13 de style apocalyptique est tout entier consacré au discours de Jésus sur la fin des temps son avènement futur.

Alors ? Le Seigneur nous enseigne mais nous, est-ce que nous cherchons à recevoir et accueillir cet enseignement ? Que savons nous de l’Espérance chrétienne ? Qu’avons-nous à proposer de ce qu’on appelle les fins dernières : le paradis ou l’enfer, sans oublier les questions connexes : le jugement premier et le jugement dernier, le purgatoire… Pour nourrir notre foi et notre espérance, nous nourissons-nous de cet enseignement du Christ et de la méditation que l’Eglise en fait ? Si le Christ nous l’a enseigner, avons-nous raison de ne pas nous en préoccuper ?

24 « En ces jours-là, après une pareille détresse,

La détresse dont parle ici Jésus, Il l’avait évoqué quelques lignes plus haut :
19 car en ces jours-là il y aura une détresse telle qu’il n’y en a jamais eu depuis le commencement de la création, quand Dieu créa le monde, jusqu’à maintenant, et telle qu’il n’y en aura jamais plus.
20 Et si le Seigneur n’abrégeait pas le nombre des jours, personne n’aurait la vie sauve ; mais à cause des élus, de ceux qu’il a choisis, il a abrégé ces jours-là. (Mc 13, 19-20)
Ainsi le Seigneur nous enseigne plusieurs choses :
Dans les derniers temps il y aura une grande détresse.
Cette grande détresse est due au combat ultime des puissances du mal qui se sentent de plus en plus fortes et légitimes, mais qui s’acheminent de plus en plus vers leur perte. C’est tout le récit de l’apocalypse
Cette détresse sera telle que personne ne pourra se sauver si ce n’est par l’aide et la grâce de Dieu.
Cette période est donc un temps de mise à l’épreuve pour apprendre l’humilité et l’abandon. Saint Paul et toute l’Église nous apprennent que nous sommes aujourd’hui dans ces temps qui sont les derniers, et cela depuis la venue du Christ. Voyez par exemple : mais à la fin, en ces jours où nous sommes il nous a parlé par son Fils (He 1, 2)
Mais il y a des élus qui sont choisis par Dieu, et cela seront sauvés !
N’allons pas mal interpréter cette phrase : Elle insiste sur le fait que les hommes qui sont sauvés le sont parce qu’ils sont élus et choisis par Dieu et non par leur propre force ou pour quelques autres raisons que ce soit. Pourtant elle n’indique pas combien ou quelle proportion d’hommes sont élus et choisis. Rien n’empêche que nous soyons tous élus, tous choisis. En fait c’est exactement le cas, puisque le christ est mort pour tous :
14 En effet, l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort.
15 Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. (2co 5, 14-15)
L’élection ou le choix n’est pas de l’un contre l’autre mais de liberté de Dieu qui ne nous doit pas le salut mais choisit de nous l’offrir. Cela ne signifie pas non plus que nous serons tous sauvés car nous sommes libres, libres de refuser l’élection le choix de Dieu, libres de refuser d’être sauvés par Lui.

Et nous ? Est-ce que nous nous préparons à accueillir le choix de Dieu sur nous, sa grâce et son salut ? Il ne s’agit pas tant ou seulement de croire en Lui, mais que cette foi nous porte à une vraie charité. Il s’agit d’aimer suffisamment le Christ pour pouvoir nous abandonner tout entier en Lui et ainsi accepter de Lui devoir, notre existence et notre vie éternelle. Ne nous y trompons pas, si nous le refusons tous les jours de notre vie terrestre, nous le refuserons de même au ciel : en n’écoutant pas notre conscience qui nous dit la volonté de Dieu, en ne scrutant pas ses écritures qui sont sa Parole, en ne vivant pas des sacrements qui sont don de sa grâce, en ne le priant pas , en ne cherchant pas à découvrir notre mission, notre vocation c’est-à-dire sa volonté sur nous nous refusons de lui laisser une place dans notre vie terrestre, nous nous préparons à le refuser au ciel !
Parfois nous pensons ne pas refuser mais nous sommes indifférents, nous ne le cherchons pas nous ne nous soucions pas de Lui, nous faisons comme s’Il n’existait pas… Comment croire que nous serons alors prêts à écouter sa voix et à nous offrir à Lui au ciel ?
Nos actes d’ici-bas préparent nos choix au ciel, nous sommes responsables de ce que nous devenons, de ce que nous serons.
Bien sûr la bonté du Seigneur est telle qu’Il mettra tout en œuvre pour que nous fassions le bon choix, mais ce sera notre choix, Il ne nous forcera pas…

Le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ;

Il s’agit ici d’un langage apocalyptique. Apocalypse signifie vision. Il s’agit donc d’images qui sont destinées à faire comprendre un message. Il ne s’agit pas d’un reportage sur ce qui arrivera comme si le prophète était transporté dans le futur. Il s’agit de la manière que Dieu a choisit de nous révéler ce qui adviendra. Il s’agit donc de vérités plus que de réalité. Qui peut savoir si à la fin des temps c’est note soleil, astre que nous voyons se lever chaque matin qui perdra son éclat… Ou s’il s’agit de parler symboliquement de la lumière qui donne à percevoir et à comprendre le monde et ce qu’il contient. Je sais, parce que le Christ le dit, que la lumière disparaitra. Quant à savoir de quelle lumière il parle ? Lumière matérielle, spirituelle, intellectuelle ? les trois ? N’allons pas conclure trop vite de la dimension symbolique de cette phrase qu’elle ne nous dise rien de la réalité… Et n’allons pas croire que parce que le Seigneur dit toujours vrai que cette phrase soit une annonce matérielle de la fin de la lumière du soleil et donc de la lune qui la réfléchit. Accueillons la comme une invitation à nous approcher du mystère que représente la fin des temps : changement matériels et transformation spirituelle du monde et des hommes, de la relation à Dieu et à nos frères.

Et nous ? Comment accueillons-nous ce mystère ? Avec naïveté (sans réfléchir à la signification) ou circonspection (manque de foi) ? Avec indifférence ou terreur (ce qui serait un manque de confiance) avec dédain comme si nous étions au-dessus de tout ça (manque d’humilité et de confiance en Dieu).

25 les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées.

Avec ce verset nous voyons clairement qu’il ne s’agit pas de réalité mais de symbole : les étoiles ne peuvent « tomber du ciel ». Alors comment interpréter ? Regardons ce que nous en dit la genèse et le récit de la création :
14 Et Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel, pour séparer le jour de la nuit ; qu’ils servent de signes pour marquer les fêtes, les jours et les années ;
15 et qu’ils soient, au firmament du ciel, des luminaires pour éclairer la terre. » Et ce fut ainsi.
16 Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand pour commander au jour, le plus petit pour commander à la nuit ; il fit aussi les étoiles.
Les étoiles comme le soleil et la lune sont là pour séparer le jour et la nuit, marquer les fêtes les jours et les années.
Séparer le jour et la nuit signifie séparer la lumière et les ténèbres ou encore marquer la différence entre le bien, ce qui est dans la lumière de Dieu et le mal, ce qui cherche à s’en soustraire. Notons que c’est Dieu qui crée cette séparation et donc qui en est le maître.
Marquer les fêtes, c’est permettre de faire mémoire des merveilles que Dieu a faites. Nous faisons mémoire pour chanter sa louange et rendre grâce. Si le soleil et la lunes sont obscurcis, si les étoiles tombent, les fêtes ne sont plus marquées, la louange et l’action de grâce se perdent.
Marquer les jours et les années, c’est reconnaître et compter le temps qui passe. Cela permet de reconnaître ce que nous sommes et d’où nous venons. Cela nous permet aussi de prévoir et de projeter, et donc d’espérer dans l’avenir. Quand le jour et l’année ne sont plus là, nous sommes comme enfermer dans un temps qui n’a plus de début ou de fin, prisonnier d’un temps indéfini.

Et nous ? Comment profitons nous du temps qui nous est donné ? Savons-nous profiter des fêtes pour faire mémoire, louer et remercier le Seigneur ? Savons-nous occuper les délais qui nous sont donner pour construire notre réponse à l’appel de Dieu, à notre vocation et notre mission ?

26 Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire.

Jésus reprend ici à son compte la vision du prophète Daniel :
13 Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.
14 Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. (Dn 7, 13-14)
Il se désigne ainsi comme le messie annoncé. Mais si la prophétie de Daniel concerne un messie dont la venue annonce la fin des temps, pour Jésus il n’en est pas de même. Nous l’avons dit, Il annonce des temps qui sont les derniers puisque par sa mort et sa Résurrection Il nous a obtenu pour tous et une fois pour toute, la victoire sur le mal et la mort. Mais ces temps sont un délai pour que nous puissions nous convertir :
08 Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour.
09 Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion.
10 Cependant le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper. (2 P 3, 8-10)
La nouveauté messianique que nous annonce le Christ est donc un double avènement : celui dans la chair et la pauvreté qui commence à Noël dans une étable, et celui dans la gloire et la puissance qui marquera un retour victorieux, définitif et éternel : la fin des temps. C’est celui-ci que Jésus annonce dans ce texte comme Il l’avait déjà fait à Nathanaël lors de leur première rencontre :
50 Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. »
51 Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. » (Jn 1, 50-51)
Cette vision là est donc en complément de la vision du patriarche Jacob :
12 Il eut un songe : voici qu’une échelle était dressée sur la terre, son sommet touchait le ciel, et des anges de Dieu montaient et descendaient.
13 Le Seigneur se tenait près de lui. Il dit : « Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham ton père, le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je te la donne, à toi et à tes descendants.
14 Tes descendants seront nombreux comme la poussière du sol, vous vous répandrez à l’orient et à l’occident, au nord et au midi ; en toi et en ta descendance seront bénies toutes les familles de la terre.
15 Voici que je suis avec toi ; je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai sur cette terre ; car je ne t’abandonnerai pas avant d’avoir accompli ce que je t’ai dit. »
16 Jacob sortit de son sommeil et déclara : « En vérité, le Seigneur est en ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas. »
Le fils de l’homme qui vient le messie glorieux est donc bien le même qui est ici en Jésus. Et il n’est pas seulement un homme qui parle de Dieu car le patriarche le dit : «  en vérité le Seigneur est là »

Et nous ? Quelle est notre vision du Seigneur ? Sommes-nous capables de concilier notre foi en celui qui est venue parmi nous, qui est mort et ressuscité pour notre salut, et le messie, sauveur qui viendra à la fin des temps pour tout remettre entre les mains du Père et nous faire définitivement passer dans la vie éternelle et le royaume de Dieu ?

27 Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.

Cette vision des anges qui sont chargée de préparer le jugement est le salut est déjà présente dans les paraboles du royaume. Par exemple :
36 Alors, laissant les foules, il vint à la maison. Ses disciples s’approchèrent et lui dirent : « Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans le champ. »
37 Il leur répondit : « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ;
38 le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du Royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais.
39 L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges.
40 De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde.
41 Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ;
42 ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.
43 Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. (Mt 13, 36-43)
Nous retrouvons ici les anges en moissonneurs envoyés par le Fils de l’homme pour écarter « ceux qui font le mal ». Notons que la finalité de tout cela c’est le royaume. Les anges, les élus, le Fils de l’homme et le Père y vivront dans une communion et une gloire éternelle. L’allusion soulignée aux justes qui resplendissent comme le soleil vient compléter l’explication précédente : si la lune et le soleil se sont obscurcis à cause de la lutte contre le mauvais, ces astres sont remplacés par les justes qui désormais resplendissent eux-même comme le soleil et n’ont donc plus besoin de celui-ci. Quant à l’ennemi, cause de toutes ces luttes et détresses déjà évoqué, il finit lui dans la fournaise. Dieu est donc vainqueur et sa victoire resplendit dans ses élus.

Et nous ? Pour n’avoir rien à craindre de cette moisson et des anges moissonneurs, il nous suffit d’être parmi les « justes » et non « ceux qui font le mal. Comment nous en assurer. Une fois de plus la parabole du jugement dernier de l’Évangile de St-Matthieu est notre guide :
31 « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec Lui, alors Il siégera sur son trône de gloire.
32 Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; Il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs :
33 il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
35 Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
36 j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
37 Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous T’avons vu… ? Tu avais donc faim, et nous T’avons nourri ? Tu avais soif, et nous T’avons donné à boire ?
38 Tu étais un étranger, et nous T’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous T’avons habillé ?
39 Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à Toi ?”
40 Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” (Mt 25, 31-40)
Notez la ressemblance du début : le Fils de l’homme, la gloire, les anges, le rassemblement et les élus puis la séparation des mauvais et des bons.
Vient ensuite la promesse du royaume qui nous intéresse maintenant : les élus sont appelés « les bénis de mon Père ». Bénis indique que c’est Dieu qui agit mais donne moins d’équivoque sur le fait que tous peuvent l’être. Et la raison de cette invitation est claire : ce sont les actes de charité et de miséricorde : vous m’avez donné à manger…
La conclusion nous montre à la fois l’importance du service des frères à commencer par le plus petit, mais aussi la foi véritable qui contemple un Dieu qui se fait petit et s’identifie aux petits, qui sollicite de l’homme douceur, respect, service et compassion, bref, amour. Plus nous aurons un amour vrai et concret pour nos frères en qui nous reconnaissons aussi la présence de Dieu et plus nous pourrons attendre avec sérénité la moisson des anges, la séparation des brebis et des boucs, la distinction entre les bénis et les maudits, entre les élus et ceux qui font le mal.

28 Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier :

Le Seigneur va introduire un nouvel enseignement tiré de la vie champêtre. Mais il insiste sur une attitude nécessaire à celui qui veut être disciple : « laissez vous instruire ». Cela renvoie en effet à un reproche qu’Il fait par ailleurs aux pharisiens et aux scribes : 13 Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.
14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.
15 Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai. (Mt 3, 13-15)
Un disciple ne prétend pas tout savoir mais il se laisse instruire.

Alors ? Sommes-nous de ces disciples assez motivés pour chercher et assez humbles pour se laisser instruire ? N’oublions pas le modèle indépassable de la sainte Vierge :
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. (Lc 2,19)

dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche.

L’exemple du figuier est donc un exemple de l’intelligence de l’homme. Il s’agit de savoir observer et de comprendre les signes de la nature, d’interpréter les événements pour anticiper, prévoir l’avenir. L’enseignement est double : d’abord l’intelligence de l’homme est capable d’observer, de comprendre et donc d’utiliser les signes des temps pour mieux « soumettre la terre » selon le mot de la Genèse (CF. Gn 1, 28)
Notons que soumettre la terre signifie ne pas se laisser submerger par elle mais en faire un lieu de vie sûr et permettant l’épanouissement de l’homme. Il n’est pas question ici de l’exploiter ou d’en profiter mais de la mettre à sa place, comme un moyen pour l’homme de devenir ce qu’il est l’image de Dieu, ce Dieu qui a créé et qui prend soin de sa création. L’homme est ainsi appelé à prendre soin de la création en créant les conditions pour qu’elle puisse produire toutes les richesses qu’elle contient. Mais produire n’est pas fournir ou épuiser…Il s’agit ici de demander aux disciples de savoir interpréter les signes des temps ou plutôt de remarquer que l’homme est capable de cela.

Et nous ? Comment savons nous user sans abuser des biens que Dieu met à notre disposition dans la création ? Sommes-nous conscient que nous sommes chargés par Dieu de prendre soin de sa création de telle manière qu’elle rende gloire à Dieu et nous permette d’entrer dans cette louange et cette action de grâce ?

29 De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte.

Les signes des temps permettent de soumettre la nature aux besoins de l’homme (de sorte que si nous abîmons cette nature, nous savons que bientôt elle nous deviendra hostile ou impraticable ce qui est le contraire de la soumettre). Mais les signes des temps doivent aussi nous permettre de soumettre l’homme au plan de Dieu (de sorte que nous soyons prêts à accueillir, à suivre dans l’obéissance et finalement à aimer et nous unir à Dieu dans la communion des saints qui sera notre vie pour l’éternité). Il s’agit donc de mettre notre intelligence non seulement au service de notre bien être matériel et culturel, mais aussi au service de notre bien être spirituel, de notre sainteté. Comme la sainteté consiste en l’établissement d’une relation amoureuse intime et durable, et même totale et définitive entre nous et Dieu, les signes des temps doivent aussi nous permettre de reconnaître la présence bienfaisant de Dieu pour apprendre, dans la louange (émerveillement) et l’action de grâce (remerciement) à l’aimer.

Et nous ? Comment découvrons-nous dans le monde qui nous entoure le Seigneur qui pourvoie à tous nos besoins (Providence) ? Comment découvrons dans notre histoire le Seigneur qui vient à notre rencontre et nous retourne vers Lui (Miséricorde) ? Quelle réponse d’amour donnons-nous à ce Dieu providence et miséricorde ?

30 Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive.

C’est à cause de phrases de ce genre que Saint-Paul croyait que le deuxième avènement était imminent :
15 Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis.
16 Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord.
17 Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. (1 Th 4, 15-17)
C’est aussi pour cela que Saint-Pierre parle de ceux qui pense que le Seigneur est en retard (CF. plus haut 2 P 3, 9)
Il y a deux explications possibles à cette phrase :
Le terme génération ne désigne pas une classe d’âge mais un processus. La génération c’est la capacité à générer, l’acte de générer. Ainsi donc tant qu’il y aura un couple humain capable de procréer nous serons dans la continuité de la transmission de la vie depuis Adam, dans la même génération.
Le Seigneur dit alors simplement que l’humanité durera jusqu’à la fin des temps dont bien sûr Il ne donne pas la date ?

Et nous ? Croyons-nous que toute la création est une hymne d’amour de Dieu pour les hommes, et que sans eux elle n’aurait plus de sens.
– On peut considérer que tout cela est arrivé. Quelle plus grande détresse plus grande pourrait-on imaginer en effet que de contempler le Fils de Dieu, le sauveur de l’humanité cloué sur la croix ? Ce jour-là le soleil ne s’est-il pas assombri créant une obscurité jusqu’à la neuvième heure ? Et cela sans que la lune ne prenne le relais du soleil ? Et comment les puissances célestes (les anges et toutes les créatures des cieux) ne seraient-elles pas ébranlées de voir leur Créateur et roi ainsi humilié et livré au pouvoir de créatures qui leur sont si inférieures, les hommes pécheurs !
Le Seigneur alors nous explique le drame qui se joue dans le mystère pascal, au-delà des apparences et de ma mort d’un homme, puisqu’il s’agit de l’offrande de la vie de Celui qui est aussi le Fils de Dieu.

Et nous ? Réalisons-nous ce qu’implique le sacrifice du Fils de Dieu ? Savons-nous regarder comment aujourd’hui encore le Seigneur s’offre à nous pour que nous ayons part avec Lui ?

31 Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.

L’expression « le ciel et la terre représente la totalité de ce qui est créé. Le Seigneur indique ainsi que ses Paroles sont au-delà de ce qui est créé. La parole du Christ est divine. Bien sûr il faut aussi mettre en parallèle la génération qui « ne passera pas avant que tout cela n’arrive ». Ainsi cette génération aussi survivra au ciel et à la terre. Le destin, le projet de Dieu sur l’humanité est bien l’éternité et non seulement l’histoire, le temps, le créé. Dieu ne se repentira pas de l’amour qu’Il donne aux hommes, il ne se lassera pas, il ne renoncera pas. Le monde n’est pas éternel mais l’humanité est appelée à le devenir.

Et Nous ? Pouvons-nous contempler ce mystère insondable ? Pouvons nous nous émerveiller d’un tel amour ? Comment ne pas être à la fois rassuré et transporté de joie et de reconnaissance devant une telle vérité ?

32 Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père.

Un peu plus haut, le Seigneur a insisté sur la communion qui se ferait entre les hommes, les anges, le Fils et le Père au jour du jugement et de la fin du monde. Ici Il crée une distinction en mettant d’un côté le Père et de l’autre tout autre personne : les hommes, les anges et le Fils même.
Une des plus grandes hérésies de l’histoire de l’Église, l’arianisme, s’est appuyé sur cette phrase pour montrer l’infériorité du Fils par rapport au Père. Pris à part cette phrase le laisse penser. Mais bien d’autres phrases de l’Évangile disent le contraire :
01 AU COMMENCEMENT était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. (Jn 1, 1)
Le prologue de l’Évangile de Saint-Jean affirme la divinité du Verbe
Un peu plus loin le dialogue avec l’apôtre Saint-Philippe est éclairant :
08 Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
09 Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ?
10 Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.
Les deux paroles en gras montrent que la Révélation du Fils est aussi celle du Père, puis elle montrent la compénétration des deux personnes. De telle manière qu’il ne soit pas possible de séparer celle-ci, de les hiérarchiser.
Le Christ nous a montré au verset précédent que ces paroles sont éternelles, ici Il les égales aux œuvres du Père ! Même manifestation, même Parole, mêmes œuvres… Tout montre l’égalité entre les deux personnes.
À un autre endroit le même Évangile relate cette Parole du Christ :
30 Le Père et Moi, nous sommes UN. (Jn 10, 30)
Il ne s’agit plus seulement d’égalité mais d’unité. Attention il y a toujours un « nous », les deux personnes sont bien distinctes, mais par l’infini puissance de leur amour divin elles sont parfaitement unies, il n’y a qu’un seul Dieu.
Comment alors entendre cette affirmation sur l’ignorance du Fils ? Notons qu’il est ici question d’un jour et d’une heure, réalités créées et de créatures, les hommes et les anges. L’Église en conclut que le Fils dont il est question ici est le Christ dans sa condition d’homme. Il reste Dieu bien sûr mais comme le dit St-Paul au Philippiens :
Le Christ Jésus, 06 ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. (Phi 2, 5-6)
Il est donc bien égal à Dieu mais ne le revendique pas, ne l’affirme pas au contraire :
il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect (Phi 2, 7)
C’est donc son choix, par son incarnation de se manifester et se considérer lui-même comme serviteur. Comme serviteur Il affirme que le Père seul connaît l’heure de la fin des temps, ce Père auquel en tant que fils Il est non seulement égal mais uni. Seule la distinction entre la condition de Dieu et la condition de serviteur permet de comprendre comment Il peut à la fois être égal et pourtant ignorer ce que son Père connaît. Mais refuser cette distinction ou cette précision c’est choisir une phrase de l’Évangile contre tant d’autre. Si nous avons foi dans la perfection de la Parole transmise dans les livres inspirés, tout ce qui divise, oppose ou rend contradictoire des Paroles doit être surpassé par ce qui explique, organise et réunit par une vérité plus grande ce qui semble mystérieux ou énigmatique.

Et nous ? Quand nous ne comprenons pas ou que ce que nous pensons comprendre n’est pas compatible avec la foi au Dieu un et trine, aimant, sauveur et miséricordieux etc., vers qui nous tournons-nous pour répondre à nos questions ou surpasser nos doutes ? Sommes-nous prêts à reconnaître humblement que nous ne comprenons pas tout ? Sommes-nous prêts à croire au-delà de ce que nous comprenons, dans une confiance totale à l’Église qui nous enseigne ?
La vérité ne nous appartient pas car la vérité c’est le Christ, mais sommes-nous conscients que l’Église, corps du Christ, est la dépositaire de son enseignement, qu’elle ne possède pas la vérité mais y adhère totalement et ainsi y a pleinement accès. Ce n’est pas un homme, fut-ce le plus grand des théologiens qui a la vérité, mais c’est la vérité qui par l’Église envahit le cœur même du plus petit des disciples, pourvu qu’il soit vraiment un disciple.

En guise de conclusion :
Le style apocalyptique de ce texte nous déconcerte parfois et même peut nous effrayer. Ils’agit de comprendre que c’est une vision qui permet de représenter le mystère, de manifester ce qui par essence est invisible. La fin des temps n’est en effet pas encore arriver, qui peut voir le futur ? La fin des temps est irruption de l’éternité incréée dans la Création de telle sorte que ce qui a été créé ainsi passe du temps à l’éternité de la création à la communion divine, de l’imperfection à la perfection, comment pourrions-nous imaginer pareille chose ? Ce texte nous parle de la Parole et de nous les hommes : deux réalités qui ne passeront pas. Il les met en contraste avec ce qui passera : le ciel et la terre, et en communion avec l’éternel : le Fils dans son dernier avènement.
Mais le plus important est de comprendre le but de cette vision. Il s’agit de comprendre que Dieu seul jugera et sauvera mais que nous pouvons nous préparer pour que ce jugement nous soit favorable, pour que le salut nous soit offert, pour que nous acceptions et recevions ce salut. Cette préparation est à la fois :

  • acte de foi dans Celui qui parle qui est aussi Celui qui vient.
  • acte d’Espérance dans une victoire sur le péché et la mort que nous ne vivons pas encore mais qui nous est promise et donc dont nous devons vivre dès à présent comme une certitude, une évidence, et donc une réalité déjà possédée à défaut d’être manifestée,
  • acte de charité, amour de Dieu qui nous permet de lui faire confiance et de nous abandonner en Lui mais aussi amour du prochain (dans lequel nous reconnaissons notre Dieu) qui nous apprend à aimer Dieu.

Cette apocalypse est donc à la fois contemplation de la promesse, manifestation de la puissance et cause d’un amour renouvelé de Dieu. Ce n’est pas un texte mystérieux mais une occasion de dépasser les apparences et les certitudes rationnelles ou scientifiques, pour entrer dans une contemplation où notre raison n’est plus maitresse mais servante, ou la vérité n’est plus seulement quelque chose que l’on découvre mais quelqu’un qui se découvre à nous.
C’est une grande grâce que le Seigneur nous fait car il nous permet à la fois de nourrir notre raison et notre connaissance du mystère et à la fois de mobiliser en nous d’autres forces qui nous donnent accès à lui quand notre raison ne suffit pas.
Alors écoutons, contemplons et nourrissons-nous de cette Parole d’amour et vérité.